L’Arménie a accusé jeudi l’Azerbaïdjan voisin de vouloir procéder au « nettoyage ethnique » dans la région disputée du Nagorny Karabakh, en forçant les Arméniens qui y vivent à quitter ce territoire, confronté depuis des semaines au blocage d’un axe vital pour son approvisionnement.
Depuis plus d’un mois, des Azerbaïdjanais se présentant comme des défenseurs de l’environnement manifestant contre des mines illégales bloquent une route cruciale reliant l’Arménie à un territoire peuplé d’Arméniens au Nagorny Karabakh.
En raison de ce blocage, l’enclave séparatiste qui compte quelque 120.000 habitants est confrontée à des coupures de courant et d’Internet, ainsi qu’à des problèmes de chauffage et d’accès à la nourriture et aux médicaments.
« C’est une politique de nettoyage ethnique », a dénoncé jeudi le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, lors d’une réunion du gouvernement, accusant l’Azerbaïdjan d’exercer des « pressions économiques et psychologiques visant à provoquer un exode d’Arméniens du Karabakh ».
Selon lui, des écoles maternelles et secondaires, tout comme des universités, sont actuellement fermées au Nagorny Karabakh à cause de coupures d’électricité et de gaz provoquées par le blocage, et des milliers d’étudiants se voient « refuser le droit fondamental à l’éducation ».
Pour sa part, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a rejeté jeudi ces accusations en les qualifiant de « fausses et absurdes », lors d’une rencontre avec la nouvelle ambassadrice de France en Azerbaïdjan, Anne Boillon.
Selon M. Aliev, les soldats russes de maintien de la paix déployés dans la région et le Comité international de la Croix-Rouge assurent la livraison des marchandises à destination civile au Nagorny Karabakh.
« Un millier de véhicules civils sont entrés et partis du Karabakh depuis le 12 décembre », a déclaré Ilham Aliev, cité dans un communiqué de la présidence azerbaïdjanaise.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont affrontés au début des années 1990, lors de la dislocation de l’URSS, pour le contrôle du Nagorny Karabakh, région azerbaïdjanaise majoritairement peuplé d’Arméniens.
Ce premier conflit, qui a fait 30.000 morts, s’est soldé par une victoire arménienne. Mais l’Azerbaïdjan a pris sa revanche lors d’une deuxième guerre qui a coûté la vie à 6.500 personnes à l’automne 2020 et a permis à Bakou de reprendre de nombreux territoires.
Des soldats russes de maintien de la paix ont été déployés après un accord de cessez-le-feu qui avait mis fin à cette dernière guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Si la dynamique de ce conflit est d’une grande complexité, elle a de fortes implications en matière de liberté religieuse. L’Arménie est en effet une nation historiquement chrétienne et la population du Nagorny Karabakh (aussi appelé l’Artsakh) est également majoritairement chrétienne. Un héritage que les forces azerbaïdjanaises auraient promis d’effacer de la région.