Blasphème au Pakistan : enquête sur les incitateurs à manifester contre des chrétiens

Blasphème au Pakistan  enquête sur les incitateurs à manifester contre des chrétiens

Une enquête est en cours à l'encontre d'une douzaine de personnes ayant incité au haut-parleur, mercredi au Pakistan, des musulmans à manifester contre des chrétiens accusés de blasphème dans une ville du Pendjab, a indiqué un haut responsable de la police.

Mercredi, des centaines de personnes de confession musulmane, armées de bâtons et de pierres, avaient déferlé dans les ruelles du quartier chrétien de Jaranwala, dans la banlieue de la ville de Faisalabad (est). Quelque 87 habitations et 19 églises ont été détruites notamment par incendie.

Il avait été annoncé au haut-parleur que le Coran, texte sacré de l'islam, avaient été profané par des chrétiens. Un religieux avait notamment appelé "tous les musulmans à s'unir et se rassembler devant la mosquée". "Mieux vaut mourir si vous ne vous souciez pas de l'islam", avait-il clamé.

Le chef de la police du Pendjab, Usman Anwar, a expliqué lors d'un entretien accordé à l'AFP, vendredi soir à Lahore, que cet homme comme onze autres personnes faisaient l'objet d'une enquête pour avoir utilisé les haut-parleurs de la mosquée.

"Ce religieux aurait dû comprendre qu'en rassemblant des gens dans un contexte aussi tendu, dans un pays où les gens sont déjà très sensibles au blasphème, cela revient à jeter de l'huile sur le feu", a expliqué Usman Anwar.

"Il ne dit pas qu'il faut aller brûler leurs maisons. Mais lorsque la foule se rassemble, il est vraiment impossible de la contrôler", a-t-il souligné.

Deux frères chrétiens ont été interpellés par la suite, après que des pages déchirées du Coran sur lesquelles avaient été griffonnées de mots offensant l'islam, eurent été collées sur les murs d'une mosquée du quartier aux premières heures de la matinée de mercredi.

Jusqu'à 5.000 personnes en provenance d'autres quartiers avaient afflué dans celui de Jaranwala s'infiltrant dans les ruelles étroites et saccageant des maisons.

Les chrétiens qui avaient fui par centaines leur maison, trouvant refuge pour certains dans les maisons de leur voisins musulmans, ont reproché à la police de ne pas avoir protégé les biens des habitants.

Devenir "plus tolérants"

"Si la police avait commencé à donner des coups de matraque, à attaquer (la foule) ou à utiliser des gaz lacrymogènes, il y aurait eu de nombreux blessés, voire des morts. Et c'est ce que nous voulions éviter à ce moment-là. Cela aurait aggravé la situation qui se serait propagée à l'ensemble du pays", s'est défendu le chef de la police.

"Les négociations avec les chefs religieux ont abouti à des appels au calme", a estimé Usman Anwar.

Plus de 125 personnes ont été arrêtées en lien avec les actes de vandalisme grâce à l'utilisation de la technologie de reconnaissance faciale, la géolocalisation des téléphones portables et des données recueillies sur les médias sociaux.

Selon le policier il incombe aux religieux et au gouvernement de veiller à ce que la religion ne soit pas utilisée à mauvais escient. "La chose la plus importante est que nous, les musulmans de ce pays, devenions plus tolérants".

"Les événements qui se sont déroulés sont tragiques. Une telle violence ne peut jamais être justifiée", a-t-il conclu.

Les chrétiens, qui représentent environ 2% de la population, occupent l'un des échelons les plus bas de la société pakistanaise et sont fréquemment la cible d'allégations de blasphème fallacieuses et infondées.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock/ Asianet-Pakistan

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