Aux Etats-Unis, la Cour suprême s’interroge sur la liberté religieuse à l’école

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La liberté religieuse d’un entraîneur de football américain limogé de son école pour avoir prié en public était en question lundi devant la Cour suprême des Etats-Unis, les juges apparaissant divisés sur la portée de ce droit en milieu scolaire.

Joseph Kennedy a passé sept ans à la tête des équipes du lycée de Bremerton, près de Seattle (nord-ouest). Après chaque match, il avait pris l’habitude de s’agenouiller pour une prière au milieu du terrain, parfois rejoint par ses joueurs.

En 2015, les autorités scolaires n’avaient pas renouvelé son contrat, estimant qu’il avait enfreint la règle interdisant à un enseignant d’encourager la pratique d’une religion à l’école publique, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Il aurait également fait pression sur ses joueurs pour qu’ils le rejoignent, au risque de ne plus être sélectionnés dans l’équipe.

L’entraîneur avait saisi les tribunaux, puis la Cour suprême, affirmant que son droit individuel à la liberté de culte avait été violé.

La question de l’exercice de la religion à l’école est très sensible aux Etats-Unis et selon certains experts il est probable que la cour, où les conservateurs possèdent une large majorité (6-3), s’attaque avec cette affaire à l’interdiction de la prière à l’école en vigueur depuis 1962.

Joseph Kennedy s’est livré à « une activité religieuse privée protégée par le (droit au) libre exercice » de sa religion, a assuré son avocat, Paul Clement, démentant toute « contrainte » sur les joueurs.

Pour l’avocat des autorités scolaires de Bremerton, Richard Katskee, Joseph Kennedy a violé ses obligations d’enseignant en affirmant publiquement que ses prières étaient sa façon d’aider « les élèves à être meilleurs ».

M. Katskee a souligné « l’autorité et les pouvoirs impressionnants » d’un entraîneur « qui compose l’équipe première, qui donne du temps de jeu et qui recommande les élèves pour des bourses universitaires ».

L’avocat a rappelé que l’école avait permis à son entraîneur de faire une prière personnelle - mais pas « avec ou à l’adresse des élèves » - et proposé des lieux alternatifs pour prier, qu’il avait finalement rejetés.

Les juges conservateurs ont semblé douter que ces prières violent la Constitution, suggérant que l’entraîneur redevenait une personne privée à la fin des rencontres.

Il y a une différence, a insisté Brett Kavanaugh, entre un entraîneur qui prie « quand les joueurs quittent le terrain » et celui qui ordonne à ses joueurs de « former un cercle » pour prier.

Mais, a souligné la juge progressiste Sonia Sotomayor, « j’ai des dizaines de déclarations de l’entraîneur admettant que ses obligations allaient au-delà du match », comme celle de rester au stade deux heures après la fin de la rencontre.

La cour, qui devrait rendre sa décision cet été, s’est déjà montrée favorable aux libertés religieuses. L’année dernière, elle avait donné raison à un organisme catholique qui refusait de placer des enfants dans des familles d’accueil homosexuelles au nom de ses convictions religieuses.

La rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / Erik Cox Photography

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