Pour faciliter la participation aux messes, certaines paroisses organisent des célébrations plus adaptées aux personnes disposant d’un fonctionnement neurologique différent de la moyenne de la population. Lumières tamisées, musiques douces, classeur pour suivre la messe, tout est pensé pour permettre à tous de vivre la messe.
Dans l’assemblée dominicale, certains fidèles ont un casque anti-bruit sur les oreilles, d’autres se déplacent entre la nef et une salle de repos, d’autres encore tiennent une peluche et suivent la messe en cochant les cases d’un classeur.
Dans la paroisse de l’église de la Nativité, à Burke en Virgine, le média américain The Pillar a suivi une messe pas comme les autres. En entrant, les fidèles sont accueillis par des bénévoles qui leur demandent quels aménagements ils préfèrent : bienvenue dans une « messe sensorielle », une célébration adaptée aux personnes neurodiverses.
Personnes autistes, atteintes de troubles de l’attention ou avec un comportement neurologique spécifique, ces fidèles ne peuvent suivre la messe avec les autres paroissiens. La musique les agresse, la lumière les incommode, ou la solennité de la célébration les empêche de participer à la prière à leur aise. Parfois, ce sont même les autres paroissiens qui sont gênés ou s’agacent par ces comportements inhabituels. La différence peut parfois mener à la réduction de la participation à la messe
Ainsi, une étude a montré que les enfants autistes sont presque deux fois plus susceptibles de ne jamais assister aux offices religieux que les enfants ne souffrant pas d'une maladie chronique. Pour permettre à tout le monde de participer à la messe, tout est prévu : classeurs de suivi, aides visuels, réducteurs de bruits, salles de repos…
Tracey Hulen, jeune maman et professeur, a eu l’idée de proposer cette « messe sensorielle », avec deux autres femmes. « Nous utilisons ces outils à l'école. Je me suis dis, pourquoi ne les apporterais-je pas à l'église ? », raconte-t-elle.
Dans l’assemblée, Jeannine Brown a assisté à la messe avec son fils de 15 ans, qui souffre de multiples troubles du développement, et attend avec impatience la prochaine messe mensuelle. Il a particulièrement apprécié l’homélie du père Cilinski, qui a tenu une miche de pain comme support visuel pour prêcher le discours sur le pain de vie.
Une autre des organisatrices, Joyce Kelly estime quant à elle que les catholiques handicapés méritent d'être totalement intégrés dans l’Église. Charleen Katra, directrice exécutive du National Catholic Partnership on Disability (NCPD), se réjouit de cette initiative :
« C’est leur droit comme ils sont baptisés. Ils ont droit à une liturgie à laquelle ils peuvent participer, dont ils se sentent partie prenante, et qui les fait se sentir membres de l'Église »
Elle explique que « cela permet aux familles de rester dans l'Église ou de revenir à l'Église ». « Parfois, c'est l'Église qui guide la société, parfois c'est la société qui guide l'Église », sourit-elle.
Jean-Benoît Harel
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