Au Yémen, « nous perdons la lutte contre la famine »

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La communauté internationale s’accorde autour d’un fait : la situation du Yémen est la pire catastrophe humanitaire qui n’ait jamais existé. Elle est aussi celle qui a appelé la plus grande réponse humanitaire.

Les yéménites subissent des combats intenses depuis de trop nombreuses années. Le Yémen faisait déjà partie des pays les plus pauvres du monde, mais la guerre civile, qui oppose les chiites houtis au gouvernement depuis 2014, a plongé le pays dans le chaos. Les chiffres sont effroyables :

  • 22 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire, 75% de la population
  • 18 millions sont en insécurité alimentaire, dont une grande partie sont des enfants
  • 8,4 millions ne savent pas comment obtenir leur prochain repas. Ils seront bientôt 12 millions.
  • 73% de la population n’a pas accès à l’eau potable.

Mme Fore, directrice exécutif de l’UNICEF s’alarme :

« Déscolarisés, contraints de se battre, mariés de force, affamés, victimes de maladies évitables, 11 millions d’enfants yéménites, plus nombreux que la population totale de la Suisse, ont aujourd’hui besoin d’aide pour obtenir de la nourriture, des soins, une éducation, de l’eau et des services d’assainissement. [...] Et ce ne sont que les chiffres que nous avons pu vérifier. Le nombre réel de victimes pourrait être encore plus élevé. Rien ne peut justifier un tel carnage. »

Les années de guerre civile laissent émerger le chaos : infrastructures détruites, services publiques ravagés, millions de personnes déplacées. Le Yémen subit l’une des pires épidémies de choléra. Dans un centre de soin des Nations Unies, une mère témoigne :

« Sa maladie est grave. Il a d’abord eu la rougeole. Après il a déclaré la diphtérie. J’avais l’habitude de mendier et d’emprunter de l’argent pour payer les soins de mon fils. Je suis veuve. Mon mari est mort. Je n’ai que 2 enfants, A’ala et Ayan. J’ai vendu ma cuisinière à gaz et j’ai utilisé l’argent pour son transport vers l’hôpital. » (1.21 à 1.38)

Une membre du personnel soignant de ce centre raconte :

« Nous fournissons des services gratuits pour tous, qu’ils soient locaux ou déplacés. Comment une famille de déplacés pourrait acheter de la nourriture quand elle n’a pas de source de revenus ? » (2.10 à 2.22)

La guerre civile s’accompagne d’une importante crise économique. Les Nations Unies parlent de détérioration alarmante de l’économie yéménite, avec une forte dévaluation du rial yéménite. Au Yémen, en ce moment, un sac de farine coûte 61 euros. La représentante des Pays-Bas parle des conséquences  de cette crise :

« L’effondrement de l’économie a le potentiel de tuer plus de yéménites que la violence armée. »

Le bureau de Coordination des Affaires Humanitaires est préoccupé par l’intensification des combats au cours de ces dernières semaines. Amnesty International alerte au sujet de la limitation de l’accès à l’aide humanitaire :

« Nous avons découvert que les 2 parties du conflit, à la fois la coalition menée par l’Arabie Saoudite et le groupe armé des houthis sont en train de limiter l’accès à l’aide humanitaire et aux importations. La coalition impose des délais très longs aux bateaux pour qu’ils puissent arriver à bon port au Yémen. De leur côté, les milices installent des barrages et imposent des procédures administratives et logistiques très lourdes, et bloquent ainsi l’accès de l’aide humanitaire, et à la circulation de cette aide dans le reste du pays. »

Pour Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence, redoute que l’on se rapproche du point de rupture : les pertes massives de vie seront inévitables.

« Nous perdons la lutte contre la famine. »

 

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La rédaction

Crédit image : Claudiovidri / Shutterstock.com


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