Au Vietnam, un pasteur de 71 ans arrêté par les autorités
Le pasteur Nguyen Manh Hung vient d’être conduit en prison par les autorités vietnamiennes. Il est accusé de "propagande anti-étatique" et pourrait être détenu au moins 4 mois.
Au Vietnam, le régime communiste vient d’arrêter un pasteur pour des déclarations critiques du gouvernement sur le réseau social Facebook. Nguyen Manh Hung a été arrêté à son domicile mi-janvier, confisquant ses téléphones, son ordinateur portable et ses documents, a informé RFA Vietnamese.
Son fils, présent lors de l’arrestation, a dû aller rendre des comptes sur les activités de son père. Après "plusieurs heures" d'interrogatoire, il a déclaré avoir été libéré à minuit après avoir assuré à la police qu'il ne savait rien des activités de son père.
Le septuagénaire encourt jusqu’à 20 ans de prison, selon l’article 117 du Code pénal, pour des posts Facebook dans lesquels il a condamné le gouvernement vietnamien pour les violations des droits de l'homme, la corruption et la confiscation de terres à des résidents sans compensation équitable. Il a également exprimé son soutien aux dissidents politiques et aux prisonniers de conscience.
Originaire de Hai Phong, dans le nord du pays, Nguyen Manh Hung a été soldat lors de la guerre du Vietnam, avant d’entrer dans un monastère. En 2011, il devient pasteur de l'église protestante Chuong Bo, qui fait partie de l'église mennonite indépendante. Il est également membre du Conseil interconfessionnel du Vietnam, qui milite pour la liberté religieuse.
Depuis une quinzaine d’années, il a déjà eu plusieurs avertissements de la part du gouvernement vietnamien, qui n’apprécie pas son militantisme en faveur des droits de l’homme. Il a par exemple été battu par la police en 2014 à son domicile.
C’est la première arrestation de 2025 et la deuxième depuis que l'ancien ministre de la sécurité publique To Lam est devenu secrétaire général du Vietnam en août 2024.
Le Vietnam a perdu 9 places dans le classement de Portes Ouvertes en 2025, marquant ainsi une diminution de la persécution des chrétiens. Toutefois, l’ONG s’inquiète de l'oppression continue des églises non enregistrées au Vietnam. "On craint que le gouvernement ne veuille contrôler les Églises et ne pousse les petites Églises à rejoindre des dénominations reconnues qui sont plus coopératives avec le gouvernement", déclare l’ONG.
Germain Gratien
