Au Parlement britannique, un vote à suspense sur l'autorisation de l'aide à mourir

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Les députés britanniques vont se saisir vendredi d'une proposition de loi autorisant l'aide à mourir pour certains malades en phase terminale, qui suscite de vives discussions et dont l'approbation reste très incertaine.

Au-delà des clivages partisans, chaque élu est appelé à se prononcer selon ses convictions sur cette proposition de la députée travailliste Kim Leadbeater qui n'est pas officiellement portée par le gouvernement.

Ce texte pour l'Angleterre et le Pays de Galles doit permettre aux adultes en phase terminale, avec seulement six mois à vivre, de mettre fin à leurs souffrances.

Ils doivent être capables d'exprimer un choix éclairé, et deux médecins et un juge devront ensuite donner leur accord, ce qui en fait le texte le "plus robuste" au monde, a assuré Kim Leadbeater.

En 2015, une proposition de loi sur le suicide assisté avait essuyé un échec cuisant au Parlement britannique, mais l'opinion publique a depuis évolué.

Elle est désormais majoritairement favorable au projet, selon plusieurs récents sondages, dont celui de l'institut YouGov qui indiquait vendredi dernier que les trois quarts des habitants d'Angleterre et du Pays de Galles étaient pour ce changement de loi.

La journaliste Esther Rantzen, qui est atteinte d'un cancer en phase terminale et a fait campagne en faveur du texte, a exhorté les députés à soutenir cette proposition, "qui ne reviendra probablement pas devant le Parlement avant une dizaine d'années en cas d'échec".

Dans le monde, plusieurs pays ont déjà autorisé l'aide à mourir pour apaiser les souffrances des malades en phase terminale, comme les Pays-Bas, le Canada, la Colombie ou la Nouvelle-Zélande. 

Jeudi, six élus australiens qui ont permis l'adoption de lois similaires dans leurs Etats ont adressé une lettre à leurs homologues britanniques, assurant que les soins de fin de vie étaient "désormais plus sûrs et justes qu'ils ne l'ont jamais été", et que les nombreuses peurs évoquées ne se sont "pas concrétisées".

Préoccupations religieuses

Au Royaume-Uni, un vif débat a précédé ce vote, avec des craintes de potentielles dérives ou contraintes qui s'exerceraient sur les personnes vulnérables ou handicapées.

Une trentaine de chefs religieux ont fait part dimanche de leur "profonde préoccupation", s'inquiétant que les personnes fragiles ressentent un "devoir de mourir" pour cesser d'être un fardeau.

De nombreuses voix se sont aussi élevées pour dire que les soins palliatifs devraient être davantage financés avant d'autoriser une aide à mourir.

"Il y a un point sur lequel tout le monde est d'accord (...) il faut plus d'investissement dans les soins palliatifs et de fin de vie", a résumé Katie Reade, de l'organisation Hospice UK.

Wes Streeting, le ministre de la Santé, a lui-même fait part de ses craintes d'une charge financière supplémentaire sur le système public NHS en crise, et a dit qu'il voterait contre.

D'autres membres du gouvernement ont exprimé leur position, bien qu'il eût été demandé aux ministres de garder une forme de neutralité avant le vote. Car même si la proposition émane de ses rangs, le parti travailliste au pouvoir n'a pas donné de consigne.

Le débat, qui doit débuter à 09H30 GMT, dépasse le clivage habituel entre travaillistes et conservateurs. La majorité des 650 élus n'a pas dévoilé son intention de vote.

S'il passe cette première étape, le texte sera examiné et amendé en commission, avant d'être à nouveau soumis à l'approbation des deux chambres du Parlement britannique. 

L'ancien Premier ministre conservateur David Cameron a indiqué qu'il voterait en faveur du texte, après s'y être opposé dans un premier temps. A l'inverse, Boris Johnson, un de ses successeurs, est contre.

L'actuel Premier ministre, le travailliste Keir Starmer, ne s'est pas exprimé mais il s'était prononcé en faveur du projet de loi de 2015 quand il était député.

Actuellement, le suicide assisté est illégal en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord et fait encourir une peine de 14 ans de prison en cas d'aide ou d'incitation.

L'Écosse, qui dispose de pouvoirs délégués en matière de santé, doit voter sur son propre projet de loi en 2025. L'Ile de Man examine également un texte, tandis que Jersey, autre île anglo-normande, a validé la préparation d'une loi d'ici à 2027.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / Marinesea

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