Au Pakistan, un prêtre libère les esclaves des usines de briques

Au Pakistan, un prêtre libère les esclaves des usines de briques

"Les chrétiens et les hindous, qui appartiennent aux couches les plus pauvres de la population pakistanaise, sont souvent victimes du système : ils sont les 'esclaves par la dette', un mécanisme qui les condamne aux abus, aux harcèlements, aux mauvais traitements, à une existence entière à la merci de maîtres sans scrupules."

Il y a 50 millions d'esclaves modernes dans le monde actuellement. 2,3 millions d'entre eux vivent au Pakistan, ce qui représente 1 habitant sur 100 dans ce pays d'Asie du Sud.

Dans le diocèse de Faisalabad, un prêtre tente de libérer ces esclaves. Emmanuel Parvez, 72 ans, curé de Pansara, côtoie des esclaves qui travaillent dans des usines de briques d'argile. Parmi eux, cinq familles chrétiennes tombées en servitude suite à la contraction d'une dette.

Une pratique courante au Pakistan intitulée "peshgi", une avance sur salaire accordée à une personne ou un membre de sa famille. En échange ces personnes doivent travailler pour leur créancier, parfois sans salaire, pour une durée qui peut être indéterminée.

Comme l'indique l'Agence Fides, les chrétiens pakistanais appartiennent le plus souvent aux couches les plus pauvres de la population dans ce pays influencé par l'ancien système des castes. Ils font partie des victimes de ce mécanisme desclavage pour dette. C'est ce qu'explique Emmanuel Parvez.

"Les chrétiens et les hindous, qui appartiennent aux couches les plus pauvres de la population pakistanaise, sont souvent victimes du système : ils sont les 'esclaves par la dette', un mécanisme qui les condamne aux abus, aux harcèlements, aux mauvais traitements, à une existence entière à la merci de maîtres sans scrupules. Tout commence par un prêt ou une avance de l'employeur. Ils le demandent parce qu'ils ont besoin de soins médicaux, étant donné qu'au Pakistan, les soins de santé sont entièrement financés par des particuliers, ou encore pour financer la fête de mariage d'une fill. Pour rembourser la somme due, il faut des années de travail sans droits, sans certitude, sans salaire, contraint de vivre dans des logements vétustes. Dans de nombreux cas, le travailleur n'est pas en mesure de rembourser la dette, qui ne s'éteint pas avec sa mort mais se répercute sur la génération suivante, créant ainsi des générations d'esclaves".

Alors, "pour briser les chaînes de l'esclavage, qui ne peut plus être toléré, et pour rendre la dignité et la liberté à ces familles opprimées par un joug qui conditionne leur vie pour toujours", le prêtre s'organise. Les dettes sont en moyenne de 500 à 1000 dollars. Emmanuel va à la rencontre des créanciers, demande le montant de la dette d'une famille et se retourne vers des donateurs en Europe ou aux Etats-Unis pour l'obtenir et ainsi libérer les esclaves.

Il les accueille dans un petit village appelé "Christ the King Colony" dans le diocèse catholique de Faisalabad. Ce village accueillera 300 familles chrétiennes libérées de l'esclavage.

M.C.

Crédit image : Shutterstock / gary yim

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