Au Pakistan, les persécutions se font souvent en toute impunité

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Discrimination, harcèlement, violence sociale et politique, les minorités pakistanaises subissent une persécution sévère. Face à leurs bourreaux, les chrétiens n’ont que peu de recours.

Les rapports internationaux témoignent de l’échec fréquent des autorités à intervenir dans les cas de violence sociale à l’égard des minorités religieuses. La complicité de la police et de la justice est, selon ces rapports, source de nombreux acquittements des auteurs de violence. Le rapport sur la liberté religieuse internationale fait l’écho des propos des minorités religieuses qui déclarent le gouvernement « incohérent dans la protection des droits des minorités ».

« Plusieurs sources [...] disent qu’il existe des cas où les entités gouvernementales comme la police ou la justice étaient complices de cette pratique. [...] Des groupes de la société civile ont déploré le fait que le gouvernement échoue souvent dans ses interventions dans les cas de violence à l’égard des minorités religieuses, et que la police échoue à arrêter les auteurs de ces abus. »

Les causes de ces difficultés sont plurielles. L’une d’entre elle est le manque d’accès à la justice de cette population. Le rapport du Comité pour l’élimination raciale des Nations Unies pointe un difficile accès à la justice pour les membres des minorités. Difficulté liée également à un manque d’accès à l’éducation et à l’important taux d’analphabétisation de ces minorités.

« Les membres des minorités ethniques et religieuses [...] ont un accès limité à la justice en raison des frais de justice élevés et du manque de clarté des critères et modalités d’admission au bénéfice des programmes d’aide juridique gratuite. »

Dans d’autres circonstances, c’est la négligence des policiers qui est en cause. Comme dans le calvaire vécu par Zeeshan Masih, un jeune chrétien de 14 ans, violé et suspendu à un arbre par 2 musulmans. L’enquête policière a conclu à une mort naturelle, malgré des preuves médicales évidentes de l’abus sexuel.

Parfois, c’est la corruption qui plonge les chrétiens dans une situation périlleuse. En 2017, une trentaine de policiers armés, accompagné d’une milice de la mafia, étaient entrés dans le bâtiment de la Christian Missionary Building Trust Mission de Sukur. Hommes, femmes, enfants, tous ont été battus. Tous les objets de valeur ont été volés. L’objectif était de confisquer l’immeuble. Tous les chrétiens se sont rendus au poste de police pour déposer plainte. Aucun n’a été entendu.

Lors des lynchages liés aux cas de blasphème, c’est parfois la foule qui empêche la police d’intervenir. Comme dans le cas du couple Masih, brûlés vifs par un groupe de musulmans. La foule de 600 personnes avait pris en otage les policiers, les empêchant d’intervenir. Le tribunal a ensuite acquitté tous les accusés.

Le rapport des États Unis pointe l’acquittement des 115 individus accusés d’avoir brûlé plus de 125 maisons de chrétiens dans la colonie Joseph en 2013, après qu’un chrétien ait été accusé de blasphème.

« Selon la presse, la Cour a acquitté faute de preuves. A la fin de l’année, personne n’avait été reconnu coupable de l’incident. Le chrétien qui a allégué le blasphème aurait allumé l’étincelle responsable de l’attaque. Il demeure dans les couloirs de la mort depuis sa condamnation en 2014. »

Comme une lueur d’espoir, World Watch Monitor rappelle le cas de Arsalan Masih, étudiant chrétien de 16 ans, mort à la suite d’une violente attaque policière. Les auteurs ont été reconnus coupables et après être restés plusieurs mois en prison, ils ont payé le diyat, la monnaie du sang, à hauteur de 3 millions de roupies pakistanaises. Pour comparaison, le salaire mensuel minimum officiel est de 7000 roupies.

La Commission des États Unis sur la liberté religieuse internationale a placé le Pakistan sur la liste des « pays préoccupants » et considère que la « discrimination législative a aidé à créer une atmosphère d’intolérance religieuse et a érodé le statut légal et social des minorités ».

La rédaction


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