Au Pakistan, la foule en délire lynche à mort un religieux musulman accusé de blasphème

Au Pakistan, la foule en délire lynche à mort un religieux musulman accusé de blasphème

Au Pakistan, la moindre accusation de blasphème expose le prétendu coupable au risque du lynchage à mort. Dernièrement, un responsable religieux musulman a été tué par une foule en colère après avoir complimenté un candidat politique en le comparant à Mahomet.

Nigar Alam, un responsable religieux de 40 ans portant le titre de “maulana” (ouléma), participait à une réunion politique le 6 mai dernier à Sawaldher, un village proche de Peshawar dans le nord du Pakistan. Le clerc a été appelé à monter sur l’estrade pour prier pour le candidat Nazim Saeed qu’il n’a pas manqué de complimenter en le comparant au prophète Mahomet tout en s’en défendant. La foule n’a pas reçu son propos de la manière escomptée et l’a attaqué.

Sur divers enregistrements, on peut voir le religieux tenir des propos qui finissent par gêner le candidat, par ailleurs son cousin. Alam affirme ne pas placer ce dernier et Mahomet sur le même plan moral tout en le faisant, débordé par son enthousiasme, tandis que Saeed tente vainement de lui faire comprendre qu’il doit se taire :

“À présent, je ne peux rien vous dire d'autre et je ne le [Saeed] comparerai pas au prophète, mais pour nous, cet homme qui est ici n'est pas inférieur au prophète. Nous ne lui attribuons pas ce grade... nous ne lui attribuons pas ce grade. Mais pour vous, c'est une personnalité très respectable, et avec lui, vous devriez commencer.”

Son cousin a fini par lui reprendre d’autorité le micro, mais il était trop tard. Les policiers ont évacué Alam et se sont enfermés avec lui dans une boutique, selon les témoins, mais la foule a pénétré de force dans le magasin et s’est emparée de lui. Le religieux a été frappé avec des bâtons et piétiné jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Le lynchage pour blasphème par la foule, un fait de société

Juliet Chowdhry, administratrice de la British Asian Christian Association, relève que le moindre propos mal interprété peut conduire à lyncher une personne :

“La violence croissante associée à l'extrémisme islamique au Pakistan est effrayante. Il faut peu de choses pour stimuler une envie de meurtre et les foules se précipitent en quelques secondes. Cette récente exécution extrajudiciaire montre la rapidité avec laquelle une foule peut se former : à peine le clerc venait-il de prononcer des mots offensants qu'il était tué, une minute plus tard.”

La foule n’a pas souhaité laisser la justice examiner l’affaire, prenant la décision de juger elle-même le religieux comme dans tant d’autres cas où la moindre accusation de blasphème suffit à provoquer des violences en groupe.

Les minorités y sont particulièrement exposées, le cas d’Asia Bibi, cette mère de famille accusée en 2009 d’avoir blasphémé est le cas le plus connu. Elle avait été condamnée à mort avant d’être acquittée en 2018, mais avait dû être secrètement évacuée du Pakistan après sa libération en 2019, car les islamistes avaient promis de la tuer.

En 2014, un jeune couple chrétien avait été brûlé vif dans un four après avoir été faussement accusé de blasphème.

Le danger est accru, selon Juliet Chowdhry, par le fait que les manuels scolaires ont des contenus hostiles aux chrétiens et autres minorités, ce qui rend encore plus difficile la protection de cette partie de la population :

“Il n'y aucun moyen de maîtriser une telle haine instantanée. De nombreux innocents seront tués si l’on ne supprime pas les discours islamiques haineux des mosquées du pays. De plus, le gouvernement pakistanais doit maintenant retirer tous les éléments haineux de son programme scolaire national.”

Jean Sarpédon

Crédit image : BACA

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