Les rapports internationaux font état de quelques tentatives pour faire évoluer le statut des minorités au Pakistan. Nous pouvons nous interroger sur la mesure de leur pertinence et de leur efficacité. Mais sans prétendre pouvoir répondre à cette question, nous notons qu’au sein d’une persécution extrême, les chrétiens trouvent auprès de certains responsables politiques un appui essentiel.
Ces hommes politiques, en s’opposant d’une certaine manière aux discriminations religieuses, s’exposent à leur tour à toutes sortes de pression. Salman Tazeer, ancien gouverneur du Pendjab, est un des défenseurs emblématiques des minorités religieuses. Champa Patel, directrice du bureau régional d’Amnesty International pour l’Asie du sud, disait de lui qu’il était « une voix courageuse pour la tolérance religieuse au Pakistan. » C’est parce qu’il soutenait Asia Bibi, qu’il a été accusé de protéger un blasphémateur. Vivement menacé, il a été placé sous protection policière. Mais c’est par cette protection policière qu’il sera abattu. Peu de temps avant sa mort, il exprimait ses convictions face à la discrimination :
« Je subissais une forte pression pour m’incliner devant la pression de la droite au sujet du blasphème. J’ai refusé. Même si j’avais été le dernier homme à m’y opposer. »
Un rapport sur la liberté religieuse internationale, note plusieurs cas dans lesquels le gouvernement a joué son rôle de médiation entre les communautés. Certaines provinces sont ainsi mises en avant grâce à leurs efforts pour la promotion de la tolérance, notamment au niveau de la jeunesse.
Un Comité national pour les minorités a également été créé en 2014. Composé de représentants chrétiens, hindous, musulmans et sikhs, ce comité gouvernemental se réunit pour développer une politique pour les minorités. La communauté internationale s’interroge cependant sur les limites de son développement possible, faute de financement et d’indépendance.
En 2017, c’est la voix d’un responsable militaire qui s’est élevée. Le général Qamar Javed Bajwa a appelé le gouvernement à prendre des mesures de régulation et de modernisation du système des madrassas. Il reconnait un lien entre la hausse des madrassas non régulées, l’influence des extrêmes religieux dans la société et le recrutement par les terroristes de nouvelles jeunes recrues.
Le rapport de la Commission des Etats-Unis pour la liberté religieuse internationale, note une avancée considérable au sujet des condamnations liées aux lois sur le blasphème, en notant un cas rarissime de relâche :
« Toutefois, sur le plan positif, en janvier 2018 [...] la Cour suprême pakistanaise a ordonné la relâche d’un individu accusé de blasphème, à cause d’un manque de preuve crédible. »
Parmi ces tentatives, certaines ont avorté avant d’obtenir un quelconque effet. Il n’en reste pas moins que le sujet du respect des minorités est un dossier brûlant au Pakistan.
La rédaction
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