
Après le coup d’État perpétré par les forces armées Birmanes à l’encontre du gouvernement démocratique d’Aung San Suu Kyi, les minorités chrétiennes craignent d’être victimes de violences et de persécutions.
Au Myanmar on recense 4,4 millions de chrétiens sur une population de 54,8 millions d’habitants d’après l’ONG Portes Ouvertes, qui classe le pays 18e dans son index annuel mondial des persécutions religieuses. Alors que les forces armées se sont emparées du pouvoir lundi 1er février, les minorités religieuses du pays, dont les chrétiens, craignent d’être menacés.
C’est ce qu’a déclaré à The Tablet, un partenaire local anonyme de Portes Ouvertes.
« Un régime militaire pourrait signifier un pouvoir renforcé pour la religion dominante. »
« Cela peut avoir de graves implications pour l’Église. » a-t-il affirmé avant d’ajouter qu’il s’attendait à ce « que des restrictions sur l’Église se produisent ».
Pour Julia Bicknell, analyste de Portes Ouvertes, il s’agit d’un « moment crucial pour l’avenir du Myanmar ». Elle affirme que ce sont les « minorités religieuses et ethniques du pays, y compris les chrétiens, qui ont le plus à craindre de la crise actuelle ».
Dans une lettre pastorale conjointe transmise à l’Agence Fides, le Conseil mondial des églises et la Conférence chrétienne d’Asie ont exprimé leur « profonde préoccupation quant aux développements en cours, en particulier s’agissant de la brusque reprise du gouvernement militaire ».
Ils exhortent un retour « rapide et pacifique » à la démocratie en déclarant que le peuple doit être « pleinement respecté et protégé « .
« Nous exhortons à un retour rapide et pacifique à la voie de la démocratie et nous faisons appel en faveur du respect des droits fondamentaux et des libertés, y compris la liberté de religion ou de credo. Tout le peuple du Myanmar doit être pleinement respecté et protégé. »
Les responsables religieux appellent notamment à la paix et à la justice dans le pays.
« Nous prions afin que les récents événements n’amènent pas à une escalade de la violence et à des souffrances pour notre pays. »
Mathews George Chunakara, secrétaire général de la Conférence chrétienne d’Asie a déclaré à l’Agence Fides que le coup d’Etat militaire survient « à un moment où le pays subit les pires effets de la pandémie de Covid-19, le déclin des standards socio-économiques et où la pauvreté avance à grand pas ».
Il a également réaffirmé le soutien de la Conférence chrétienne d’Asie au peuple du Myanmar
« La Conférence chrétienne d’Asie a toujours soutenu les valeurs de démocratie, de justice et e paix. En ce moment de déstabilisation et d’incertitude quant à l’avenir, nous sommes aux cotés du peuple du Myanmar et nous prions pour le retour de la démocratie dans le pays. »
Le cardinal Charles Maug Bo, archevêque de Yangon a lui aussi adressé un message au peuple du Myanmar, aux chefs de l’armée qui se sont emparés du pouvoir et à la communauté internationale. Il demande notamment la libération des représentants du peuple.
« Les représentants élus de notre peuple appartenant à la Ligue nationale pour la Démocratie ont été arrêtés tout comme de nombreux écrivains, activistes et jeunes. Je vous exhorte à respecter leurs droits et à les relâcher au plus vite. Ce ne sont pas des prisonniers de guerre mais des prisonniers d’un processus démocratique. Vous promettez la démocratie : elle commence par leur libération. »
Le cardinal appelle surtout à un retour de la démocratie dans un long plaidoyer qui encourage à ne pas céder à « la violence » et à se tourner vers Dieu dans la prière.
« Demeurez calmes, ne cédez pas à la violence. Nous avons versé assez de sang. Il ne faut pas que plus de sang soit versé sur cette terre. En ce moment si lourd de conséquences également, je crois que la paix constitue la seule voie et que la paix est possible. Il existe toujours des moyens non-violents pour exprimer nos protestations. N’accordons pas de place à la haine en ce moment où nous luttons pour la dignité t la vérité. Que tous les responsables de la communauté et les responsables religieux prient et animent les communautés en vue d’une réponse pacifique à ces événements. Priez pour tous, priez pour tout en évitant les occasions de provocation. »
Camille Westphal Perrier
Article initialement publié en février 2021.