« Les 16 fragments du rouleau de la mer Morte du musée sont des contrefaçons modernes qui ont trompé des collectionneurs extérieurs, le fondateur du musée et certains des plus grands spécialistes bibliques du monde. »
Le Musée de la Bible de Washington avait dépensé des millions de dollars pour les obtenir, mais c’est désormais officiel, leurs 16 manuscrits de la Mer Morte sont faux. Un rapport établi par des chercheurs indépendants vient d’attester qu’il s’agit de contrefaçons modernes.
“Our job as a museum is to help the public understand, & this is a part of the history of the Dead Sea Scrolls now, for better or for worse.”
We conducted extensive research to determine the authenticity of our fragments. Read more about #DSSatMOTB at:https://t.co/tBwnGgfEoj
— Museum of the Bible (@museumofBible) March 13, 2020
L’annonce, faite par les experts lors d’une conférence universitaire tenue par le musée lui-même, a été relayée par le National Geographic.
« Les 16 fragments du rouleau de la mer Morte du musée sont des contrefaçons modernes qui ont trompé des collectionneurs extérieurs, le fondateur du musée et certains des plus grands spécialistes bibliques du monde. »
Le directeur du musée, Harry Hargrave, assure que le musée cherche à être « le plus transparent possible », rappelant qu’il est « victime ».
« Le Musée de la Bible essaie d’être aussi transparent que possible. Nous sommes victimes. Nous sommes victimes de fausses déclarations, nous sommes victimes de fraude. »
Colette Loll est l’une des experte des fraudes artistiques qui a enquêté sur ces manuscrits. Elle l’affirme, « ces fragments ont été manipulés dans l’intention de tromper ».
« Après un examen exhaustif de tous les résultats d’imagerie et d’analyse scientifique, il est évident qu’aucun des fragments textuels de la collection du Musée de la Bible de la mer Morte n’est authentique. En outre, chacun présente des caractéristiques qui suggèrent qu’il s’agit de contrefaçons délibérées créées au XXe siècle dans le but d’imiter des fragments authentiques de manuscrits de la mer Morte. »
Il est question d’anciennes pièces en cuir qui ont été encrées à l’époque moderne. Les fragments auraient ensuite été trempés dans une concoction de couleur ambre, puis saupoudrés de minéraux argileux. C’est le matériau qui a d’abord interpelé les experts.
« Presque tous les fragments authentiques des manuscrits de la mer Morte sont en parchemin tanné ou légèrement tanné, mais au moins 15 des fragments du musée de la Bible étaient en cuir, qui est plus épais, plus bosselé et plus fibreux. La meilleure estimation de l’équipe est que le cuir lui-même est ancien, récupéré à partir de restes trouvés dans le désert de Judée ou ailleurs. [...] L’un des fragments a une rangée de ce qui ressemble à des trous artificiels, quelque peu similaires à ceux trouvés dans les chaussures de l’époque romaine. »
En 2018 déjà, 5 premiers manuscrits du musée avait été déclarés faux. Ils avaient alors été retirés de l’affichage. Årstein Justnes est chercheur à l’Université d’Agder en Norvège. Pour lui, tous les manuscrits postérieurs à 2002 sont susceptibles d’être des contrefaçons.
Jeffrey Kloha est le conservateur en chef du Musée de la Bible. Il l’affirme, « les manuscrits de la mer Morte sont incontestablement la découverte biblique la plus importante du siècle dernier ».
« Les manuscrits de la mer Morte sont incontestablement la découverte biblique la plus importante du siècle dernier. Cela a repoussé notre connaissance du texte biblique de mille ans par rapport à ce qui était disponible à l’époque, et a montré une certaine variété, mais surtout la cohérence, de la tradition de la Bible hébraïque. »
Il espère que ces investigations permettront de découvrir les faussaires.
« Les méthodes sophistiquées et coûteuses utilisées pour découvrir la vérité sur notre collection pourraient être utilisées pour faire la lumière sur d’autres fragments suspects et peut-être même être efficaces pour découvrir qui est responsable de ces contrefaçons. »
M.C.
Crédit image : Creative Commons / Wikipedia