Attentat de la basilique de Nice : l'auteur condamné à la perpétuité incompressible

Attentat dans une basilique en Francel'auteur condamné à la perpétuité incompressible

Un Tunisien de 25 ans, Brahim Aouissaoui, accusé d'avoir assassiné trois personnes dans la basilique de Nice (sud-est) en 2020, a été condamné mercredi à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté incompressible, soit la peine la plus lourde du code pénal français.

La perpétuité incompressible, prononcée par la cour d'assises spéciale de Paris, est une sanction rarissime rendant très infime la possibilité d'un aménagement de peine.

En matière de "terrorisme", cette peine aussi appelée "perpétuité réelle" avait été prononcée contre le Français Salah Abdeslam pour les attentats du 13 novembre 2015, qui avaient fait 130 morts en région parisienne.

Debout dans son box, l'accusé, qui a revendiqué son acte par le "droit" de venger les musulmans tués dans le monde par "l'Occident", n'a pas réagi à l'annonce du verdict. Comme souvent depuis le début de son procès, il semblait ne pas s'intéresser à ce qui se passait dans la salle d'audience.

Il a dix jours pour interjeter appel.

Le président Petiteau a fustigé "l'insoutenable cruauté" de Brahim Aouissaoui qui n'a montré aucun remords durant l'audience. La "dangerosité" de l'accusé est "demeurée intacte", a constaté le président en lisant la décision de la cour.

"Vous êtes condamné sans possibilité d'aménagement de peine", a-t-il insisté à l'adresse de l'accusé.

Les familles des victimes et le maire de Nice, Christian Estrosi, exceptionnellement présent à l'audience, ont accueilli le verdict dans le recueillement après trois semaines d'un procès souvent éprouvant.

"Sauvagerie inouïe" 

"Personne ne peut se réjouir de la condamnation à perpétuité incompressible d'un homme", a confié à l'AFP, Olivia Chalus-Penochet, une avocate de parties civiles.

"Cependant, a-t-elle ajouté, lorsque celui-ci ne délivre aucun signe d'amendement, de regret, d'excuse, permettant d'espérer une déradicalisation, et que de plus il revendique son jihad à l'audience en soutenant qu'il est en droit de tuer, on peut comprendre la décision de la cour". "Toutes mes pensées vont vers les victimes", a-t-elle dit.

Alors que l'une des avocates générales a rappelé que l'accusé était "habité par l'idéologie jihadiste", il a crié en arabe: "Ce n'est pas du terrorisme" avant de se faire rabrouer par son propre avocat qui lui a demandé fermement de se taire.

Invité à prendre une dernière fois la parole, Brahim Aouissaoui avait choisi la provocation : "s'il y a une justice, jugez au nom des enfants et des femmes (musulmans) qui sont morts".

Pour l'accusation, Brahim Aouissaoui a fait preuve d'une "sauvagerie inouïe" en assassinant avec un couteau de cuisine une paroissienne de 60 ans, Nadine Devillers, quasiment décapitée, un sacristain de 54 ans, Vincent Loquès, égorgé, et une mère de famille de 44 ans, Simone Barreto Silva, qui a reçu 25 coups de couteau avant de succomber.

"Aveuglé par l'obscurantisme" 

Le jeune Tunisien est également accusé de sept tentatives d'assassinat contre deux amis du sacristain, présents dans l'église, et les cinq policiers municipaux qui sont parvenus à le neutraliser après "14 minutes d'une scène d'horreur d'une cruauté absolue, dans un lieu sacré et hors du temps", selon les mots d'une des deux magistrates.

Il a été reconnu coupable de tous les chefs d'accusation.

Cet attentat le 29 octobre 2020 a été le troisième acte d'un automne meurtrier en France après la republication par le journal satirique Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet le 2 septembre 2020, le jour de l'ouverture du procès de l'attaque jihadiste sanglante contre l'hebdomadaire le 7 janvier 2015, ont souligné les avocates générales.

Une semaine après la republication des caricatures, des médias proches d'Al-Qaïda appelaient à frapper la France, "porte-étendard des croisades en Europe".

Le 25 septembre, un Pakistanais attaquait avec un hachoir deux personnes qui se trouvaient devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris. Le 16 octobre, un jeune Tchétchène poignardait et décapitait en région parisienne le professeur d'histoire Samuel Paty qui avait montré en classe des caricatures du Prophète.

Le 25 octobre, quatre jours avant l'attentat de la basilique de Nice, un média pro Al-Qaïda appelait à "égorger" des Français dans "leurs églises".

Jeune homme buvant de l'alcool et fumant du cannabis, déscolarisé à 13 ans, Brahim Aouissaoui s'est brusquement radicalisé fin 2018 ne fréquentant plus que des salafistes, dont certains impliqués dans des dossiers "terroristes" en Tunisie.

"Tout au long de l'audience, nous avons pu voir la noirceur et la haine dans ses yeux. Il s'est enfermé dans une matrice mortifère, aveuglé par l'obscurantisme et par la haine de la France", a résumé une avocate générale.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / lindasky76

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