Atteinte d’une maladie neurodégénérative, elle pédale depuis plus d’un mois pour faire aimer les soins palliatifs
Pédaler 1 000 kilomètres en deux mois pour alerter sur le défaut criant d’unités de soins palliatifs en France et dénoncer le chemin de l’euthanasie, c’est la mission que s’est fixée Caroline Brandicourt, une femme de 62 ans atteinte d’une maladie neurodégénérative. Elle invite, qui le souhaite, à faire un bout de chemin avec elle.
Caroline Brandicourt était âgée de 47 ans et enseignait le français dans un collège-lycée lorsqu’elle a appris qu’elle était atteinte d’une dégénérescence du cervelet. Aujourd’hui, cette mère de trois enfants dépend des autres pour un certains nombre d’actes et se déplace avec un déambulateur, un tricycle ou un fauteuil roulant, mais elle aime la vie et tient à dire que l’euthanasie n’est pas la solution.
Un jour, une ostéopathe lui a dit qu’elle avait trouvé la force de se redresser, des paroles qu’elle n’a jamais oubliées :
“De la part des soignants, j’ai besoin qu’on croie en mes capacités. C’est-à-dire que, d’abord, on me dise la vérité… ça, je veux savoir la vérité, mais par contre à partir de la vérité qu’ils croient en mes capacités. Et je me rends compte, petit à petit, qu’on est capable d’énormément d’adaptations, on a des capacités incroyables, mais pour pouvoir les développer, c’est un peu mystérieux, il faut d’abord que l’autre y croie.”
Ce soutien, elle explique que les plus malades peuvent le trouver dans les unités de soins palliatifs où les personnels sont spécifiquement formés :
“Les soignants [y] sont formés pour ça, les médecins [y] sont des spécialistes contre la douleur et pour l'accompagnement, ce qui n'est pas forcément pour, par exemple si vous allez en oncologie, vous avez vraiment des spécialistes dans leur discipline, mais qui n’ont pas forcément appris à bien gérer la douleur. Donc, moi, je me bats vraiment pour qu’on nous propose une autre voie. Je veux plus entendre “souffrir ou mourir”, c’est faux, on a une autre possibilité, une troisième voie.”
Faire connaître les soins palliatifs
Cette alternative, explique Caroline Brandicourt, c’est “vraiment vivre, et vivre en souffrant le moins possible jusqu’au bout, et en étant accompagné par les soignants et par les proches”. Elle souligne l’une des spécificités des soins palliatifs :
“Les soignants [y] font tout pour que les proches soient le plus possible et le mieux possible.”
Soucieuse de faire connaître l’importance d’une prise en charge palliative alors que se profile la légalisation de l’euthanasie, Caroline Brandicourt est partie le 22 avril de Moulins, dans l’Allier, et pédalera jusqu’à Lons-le-Saunier, dans le Jura, où elle doit arriver le 17 juin à raison de 25 à 35 kilomètres par jour. Elle est soutenue par le collectif Soulager mais pas tuer, parrainé par Philippe Pozzo di Borgo, dont la vie a inspiré le film “Intouchables”.
Parmi les départements qu’elle a choisi de traverser, 16 font partie des 21 qui sont privés d’unités de soins palliatifs. Lors des étapes dans une trentaine de villes indiquées sur son blog, les gens peuvent signer des cartes exhortant les parlementaires à agir en faveur de ces soins.
Cette battante est toujours accompagnée d’au moins une personne, et un van et un camping-car la suivent pour lui permettre de se reposer. Ceux qui le souhaitent peuvent la soutenir de trois façons, en contactant son équipe pour pédaler avec elle le temps d’une étape, en la suivant sur les réseaux sociaux et en signant un appel au Président de la République et aux parlementaires pour le développement des soins palliatifs et contre la légalisation de l’euthanasie.
Jean Sarpédon