Sept chrétiens ont été arrêtés et torturés le 14 janvier 2025 à Shendi, dans l’État du Nil au Soudan, alors qu’ils fuyaient les combats à Khartoum. Accusés à tort de vol et de soutien à une faction paramilitaire rivale, ils ont été jugés dans des conditions inéquitables, sans respect de leurs droits fondamentaux. Le Soudan est actuellement classé cinquième dans l'Index Mondial de Persécution des chrétiens 2025 établi par l’ONG Portes Ouvertes.
Les sept chrétiens avaient fui les affrontements entre l’armée soudanaise (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) à Khartoum pour se réfugier dans une zone sous contrôle de la SAF. À leur arrivée à Shendi, le 14 janvier dernier les sept membres de l'Eglise soudanaise du Christ ont été appréhendés par les services de renseignement militaire et accusés de complicité avec les RSF, ainsi que de possession d’argent volé.
Selon le Syndicat des jeunes chrétiens soudanais ces accusations étaient infondées et ne visaient qu’à justifier leur arrestation. Des propos rapportés par Morning Star News.
"Nous, au sein du Syndicat des jeunes chrétiens soudanais, condamnons ces violations fondées sur la religion, la couleur et l'ethnicité."
Leur avocat Shinbago Mugaddam, qui suit l’affaire depuis l’étranger où il s'est réfugié en raison de la guerre, a expliqué qu'ils avaient été soumis à des "passages à tabac".
"Ils ont été arrêtés par le renseignement militaire et soumis à des passages à tabac et à des interrogatoires. Une plainte a été déposée contre eux, avec pour plaignant et témoins d’accusation uniquement des membres des forces armées. Le tribunal ne leur a pas demandé s’ils avaient besoin d’un avocat ou s’ils disposaient de témoins pour nier ces accusations, sachant qu’ils avaient été battus et contraints de confesser et de fournir des preuves contre eux-mêmes."
Une persécution institutionnalisée dans un contexte de guerre.
La chute d’Omar el-Béchir en 2019 n’a pas amélioré la situation des chrétiens soudanais au contraire. Le coup d’État militaire d’octobre 2021 a en effet anéanti les espoirs de réformes et marqué un retour des pratiques autoritaires, comme la réactivation de la police des mœurs en 2022. Depuis avril 2023, le conflit entre la SAF et les RSF a encore aggravé la persécution des chrétiens, qui sont fréquemment accusés de soutenir l’un ou l’autre des camps. Selon Portes Ouvertes, en moins de deux ans, plus de 150 églises ont été attaquées ou occupées par des groupes armés, tandis que les chrétiens subissent de lourdes discriminations, par exemple dans l’accès à l’eau potable.
L'arrestation de ces sept croyants s'inscrit donc dans un contexte de répression généralisée à l'égard des chrétiens, particulièrement les convertis d’origine musulmane, qui vivent dans la peur et l’impossibilité de pratiquer librement leur foi.
Camille Westphal Perrier