Archéologie : Une église du 4ème siècle dans une cité oubliée donne un nouvel éclairage sur la propagation du christianisme
« C’est ce qui rend la découverte de cette basilique si importante. C’est une preuve fiable d’une présence chrétienne légèrement au nord-est d’Aksoum à une date très précoce. »
Le projet d’histoires archéologiques du sud de la mer Rouge a mené les archéologues au nord de l’Éthiopie. À proximité d’Aksoum, « point de connexion » entre l’Empire romain, puis byzantin, et les terres lointaines, ils se sont focalisés sur le site de Beta Samati. Là, ils ont mis au jour une basilique de 18 mètres sur 12. Et cette église qui date du 4ème siècle est d’une importance capitale.
Aaron Butts, professeur de langues sémitiques et égyptiennes à l’Université catholique de Washington D.C., s’exprime au sujet de cette découverte « si importante » auprès de Smithsonian Magazine.
« C’est ce qui rend la découverte de cette basilique si importante. C’est une preuve fiable d’une présence chrétienne légèrement au nord-est d’Aksoum à une date très précoce. »
Una colina de 25 metros en el norte de Etiopía se ha revelado como una ciudad enclave económico y político del Imperio, llamado Beta Samati.https://t.co/2uIzVzR7Bp pic.twitter.com/8vV2fs9lNc
— Historia España y el mundo (@HistoriaIberia) January 4, 2020
La civilisation d’Aksoum est « l’une des civilisations anciennes les plus influentes d’Afrique » mais aussi parmi « les moins documentées du monde antique ». Cette découverte a donc « une importance considérable pour comprendre le développement des premiers régimes complexes en Afrique ».
Beta Samati était « une grande colonie densément peuplée », un « centre du pouvoir politique ». Et des fouilles viennent d’y révéler une basilique construite au 4ème siècle, soit en pleine apogée de cette colonie, dont le déclin a débuté au 8ème et 9ème siècles.
Cette basilique est un sanctuaire rectangulaire de style romain. Les archéologues y ont trouvé des traces d’activités rituelles, « mélange de traditions païenne et paléochrétienne ». À l’extérieur du mur de la basilique, une inscription était gravée. Elle se traduit ainsi :
« À cette entrée, Christ nous est favorable. »
Un pendentif en pierre a également été trouvé. Sur celui-ci, des motifs et des lettres incisés, « vénérable † », « vénérable croix ».
#Ethiopia:1,700-year-old Christian basilica discovered in Ethiopia https://t.co/7Ukstb28un The basilica, from the 4th century A.D., was found in Beta Samati, an ancient town that was once part of the Aksumite civilization. pic.twitter.com/wAl5Hv5WVU
— Addis Standard (@addisstandard) December 14, 2019
Beta Samati étant « un noeud majeur sur les routes commerciales », la découverte d’un édifice chrétien à cette époque démontre, selon les spécialistes, que la propagation du christianisme était alors liée au commerce. Helina Woldekiros est archéologue à l’Université de Saint Louis, Washington. Elle a participé aux fouilles et confirme que « les routes commerciales à longues distances ont joué un rôle important dans l’introduction du christianisme en Éthiopie. »
Léquipe a publié ses conclusions dans un article paru dans la rubrique Antiquity de Cambridge Core.
« Beta Samati commence également à aider à clarifier la nature de l’autorité politique / religieuse aksoumite. En tant que forme architecturale, la basilique est apparue dans la Méditerranée classique comme un espace séculier utilisé pour les rassemblements publics, les activités financières et l’administration civique et juridique (Walthew 2002 ; Peirano 2018 ). En Éthiopie, la forme basilique semble être apparue pour la première fois conjointement avec le christianisme (Phillipson 2009 ; Di Salvo 2017). La basilique de Beta Samati, cependant, montre un flou complexe du commerce et de l’administration laïques (jetons et cachets), des rituels païens (figurines et bucrania) et des premières traditions chrétiennes (brûleurs d’encens et croix) qui justifient une enquête plus approfondie. De plus, la dernière occupation de Beta Samati coïncide approximativement avec la montée de l’islam, ouvrant des perspectives intéressantes pour de futures recherches concernant le rôle des changements politiques, économiques et religieux inter-régionaux pendant le déclin d’Aksoum. »
Les archéologues précisent que les recherches futures pourront répondre à de nombreuses questions, notamment celle de « la conversion du polythéisme au christianisme ».
M.C.