Après le meurtre de Mélanie, surveillante tuée par un collégien, un appel à redonner du sens aux jeunes

L’assassinat de Mélanie, surveillante dans un collège de Haute-Marne décrite comme "douce et gentille", a bouleversé la France. Tandis que les autorités multiplient les annonces sécuritaires, certains, comme le pasteur Laurent Descos, rappellent l’importance de transmettre des repères solides et un sens profond à la jeunesse.
Des roses blanches accrochées aux grilles du collège Françoise-Dolto, des messages de soutien, des regards encore figés par l’effroi. À Nogent, en Haute-Marne, l’émotion est vive au lendemain du meurtre de Mélanie, surveillante de 31 ans poignardée par un élève de 14 ans lors d’un contrôle de sacs. Une minute de silence sera observée jeudi midi dans tous les établissements scolaires de France, a annoncé la ministre de l’Éducation nationale Elisabeth Borne.
Mélanie, ancienne coiffeuse reconvertie dans l’éducation, travaillait au collège depuis septembre. Maman d’un petit garçon de quatre ans et conseillère municipale dans son village voisin de Sarcey, elle était décrite comme "solaire", "douce et gentille" par ses proches.
L’élève suspecté du meurtre, âgé de 14 ans, est toujours en garde à vue, prolongée jusqu’à jeudi matin. Peu d’éléments sont connus sur son profil. Selon la ministre, il s’agit d’un adolescent "dont les deux parents travaillent" et qui ne présentait "pas de difficultés particulières".
"Besoin de sens"
Face à l’émotion et à l’incompréhension, le pasteur baptiste Laurent Descos, basé à Chambéry, a publié une réaction sur Facebook. Il y déplore le recul du christianisme dans l’espace public et la disparition de repères chez les jeunes.
"Beaucoup se félicitent de voir le christianisme reculer jusque dans l'intimité des maisons, là où personne ne le voit ni ne l'entend. Ils s'emploient à le rendre inopérant, persuadés qu'il était la cause de tous les maux", écrit-il.
"Ce n'est pas de contrôle ou d'information dont nos jeunes ont besoin. C'est de sens. De repères stables, qu'ils peuvent ensuite adopter ou rejeter, mais qui au moins leur servent de phare", poursuit le pasteur avant d'ajouter : "Rien ne me réjouit plus qu'un jeune qui sait qui il est en Jésus-Christ, et où il va. Parce que celui-là, je vous assure, nul besoin de lui expliquer qu'un couteau, c'est dangereux."
Il conclut en rendant hommage à la victime et en affirmant son engagement auprès des jeunes : "Alors pour toutes les Mélanie du monde, mais aussi pour tous les Quentin, je continuerai à redonner des repères là où il n’y en a plus, et à remettre du sens là où on a cru bon de l’enlever."
L’école, sanctuaire sous tension
Le gouvernement a multiplié les annonces en réponse à ce drame. Emmanuel Macron a évoqué mardi soir sur France 2 un "déferlement de violence insensé" et s’est engagé à interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans si l’Union européenne n’adopte pas cette mesure.
François Bayrou a annoncé l’interdiction prochaine de la vente de certains couteaux aux mineurs, tandis que la Première ministre a évoqué la possibilité d’expérimenter des portiques de sécurité à l’entrée des établissements scolaires.
Au-delà de la sécurité, "le fait que ce jeune de 14 ans tue de sang-froid cette jeune femme devant les gendarmes, (...) ça renvoie à d'autres sujets de santé mentale", a souligné mercredi Mme Borne.
Elle a assuré que le gouvernement était "mobilisé pour détecter les signes de détresse psychologique ou de fragilité psychologique chez les jeunes". Il s'agit par ailleurs de "protéger nos jeunes de la surexposition aux écrans, de la banalisation de la violence", a-t-elle ajouté.
Il faut "qu'on agisse ensemble avec les collectivités pour assurer au maximum la sécurité dans les enceintes scolaires, que ça reste des sanctuaires" sans en "faire des bunkers", a également déclaré Elisabeth Borne.
La conférence de presse du procureur de la République de Chaumont, prévue mercredi à 17h, devrait apporter davantage d’éléments sur les circonstances du drame.
Camille Westphal Perrier (avec AFP)