Mansour Borji, directeur du plaidoyer pour l’organisation Article 18, estime que la mort de Masha Amini pourrait marquer un tournant en Iran, notamment en ce qui concerne les droits des femmes et des minorités religieuses. Il appelle les chrétiens à prier pour le pays.
Le 13 septembre, Mahsa Amini, originaire de la région du Kurdistan, a été arrêtée à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la police des moeurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict de la République islamique d’Iran pour les femmes.
La jeune femme est tombée dans le coma après son arrestation et est décédée le 16 septembre à l’hôpital. Depuis cette date, un mouvement de contestation secoue le pays. Le décès de la jeune femme a également suscité l’indignation à l’international et entrainé de nombreuses manifestations en Iran et aux quatre coins de monde.
Mansour Borij, directeur du plaidoyer pour Article 18, organisation à but non lucratif basée à Londres et dédiée à la protection et à la promotion de la liberté religieuse en Iran, affirme que les chrétiens participent à ses manifestations et se joignent aux appels à la justice, aux droits des femmes et à la fin de l’oppression dans leur pays.
« Il fallait s’y attendre après des années d’oppression qui ont amené l’Iran à ce point d’ébullition », confie le directeur du plaidoyer à Christian Today. Il évoque « une désobéissance civile absolue à tous les niveaux de la société qui unit les Iraniens de tous les groupes ethniques, culturels et religieux sous ce slogan uniforme ‘les femmes, la vie, la liberté' ».
Ce drame met en lumière l’obligation du port du hijab en Iran, une règle qui s’applique à toutes les femmes, dont les chrétiennes.
Selon Mansour Borij, il s’agit là d’une « des formes de discrimination à leur encontre ». Pour rappel, l’Iran est classé 9e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022 de l’ONG Portes Ouvertes.
Alors que de nombreux chrétiens iraniens participent aux manifestations pour protester contre le gouvernement, le directeur du plaidoyer d’Article 18 explique que même si cela est dangereux, il s’agit de refléter « ce que le Christ lui-même a illustré ».
« C’est ce que l’Église primitive a fait, c’est ce que le Christ lui-même a illustré, et quand vous voyez les liens de l’oppression, qu’elle soit spirituelle, physique, politique ou sociale, l’Église doit être à l’avant-garde de cela et pas seulement se tenir à l’arrière. Il doit dire la vérité et tenir les systèmes déchus responsables des injustices qu’ils commettent contre les gens. »
Il poursuit en affirmant que les chrétiens prient pour que cette révolte marque un tournant dans l’histoire de leur pays.
Mansour Borij appelle de son côté les croyants à prier pour que la communauté internationale demande des « comptes au gouvernement iranien pour arrêter l’effusion de sang ».
« Il est temps pour nous d’aller au-delà des paroles en l’air dans nos politiques et de vraiment soutenir les mouvements démocratiques qui revendiquent les droits des femmes et des minorités, et de veiller à ce que les valeurs démocratiques qui nous sont si chères ici se manifestent dans la façon dont nous réagissons à ces situations », conclut-il.
Camille Westphal Perrier