Après des mois de débats, le programme d'éducation à la sexualité publié

Après des mois de débats, le programme d'éducation à la sexualité publié

Épilogue de longs mois de débats ponctués de vives oppositions, le premier programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle a été officiellement publié jeudi, pour une mise en œuvre en septembre 2025 dans les écoles, collèges et lycées.

Contesté par une partie de la droite et les milieux conservateurs, ce programme sensible, qui a fait l'objet de concertations depuis mars 2024, a été publié au Bulletin officiel de l'Éducation nationale.

Il prévoit "au moins trois séances annuelles spécifiques obligatoires" dans l'ensemble des écoles, collèges et lycées, publics comme privés sous contrat. Ces séances étaient jusque là théoriquement imposées par la loi depuis 2001, mais étaient de fait peu réalisées.

Convaincu de leur nécessité, l'ex-ministre de l’Éducation Pap Ndiaye avait annoncé la relance de ce chantier en septembre 2022 puis saisi en juin 2023 l'instance chargée des programmes.

Publiée plus d'un an et demi après, la version finale a été élaborée avec "l'idée d'avoir un programme équilibré, qui s'appuie sur une expertise scientifique au sens large du terme et qui a fait l'objet d'une concertation qui a duré dans le temps", a souligné le ministère de l'Éducation.

Il a fait part de son "soutien inconditionnel contre toute forme de pression et de contestation dont pourrait faire l'objet cet enseignement".

Ce programme prévoit d'abord une "éducation à la vie affective et relationnelle" pour l'école maternelle et l'école élémentaire puis à "la vie affective et relationnelle et à la sexualité" au collège et au lycée.

Le programme ne précise pas, pour les collèges et lycées, quels professeurs doivent assurer ces séances. Il évoque la "co-responsabilité" entre les personnels enseignants et de santé, la "collégialité" dans l'organisation et la possibilité d'intervenants extérieurs.

Après plusieurs réécritures, une étape-clé avait été franchie la semaine dernière avec le vote d'une instance consultative de l'Éducation nationale, le Conseil supérieur de l'éducation (CSE), qui s'était prononcé avec 60 voix pour et 0 contre. Près de 150 amendements avaient été débattus.

Craintes de l'enseignement catholique

A l'automne, ce programme avait fait l'objet d'une fronde de la part d'associations conservatrices, puis de responsables politiques, dénonçant notamment la présence d'une "théorie du genre".

Le terme "d'identité du genre", qui avait fait polémique, figure dans la dernière version, mais avec moins d'occurrences que dans des versions précédentes, et n'apparaît qu'à partir de la troisième. Le SE Unsa a cependant regretté "le retrait du terme 'transphobie'", estimant que "rien n'apaisera jamais des ultra minorités gênées par le principe du programme lui-même".

Alors que des craintes avaient été exprimées, notamment par l'enseignement catholique, que ce programme veuille "se substituer à la responsabilité éducative des parents", la version définitive du programme prévoit qu'ils seront "informés des objectifs d'apprentissage annuels de cette éducation", et qu'elle se fera "en complément du rôle des parents et des familles".

Mais il n'indique plus, comme une précédente version, que les parents seront "informés de la tenue et du contenu" de chacune des "séances obligatoires".

Pour accompagner la mise en œuvre de ce programme, des formations seront dispensées, a précisé le ministère de l'Éducation. Des ateliers auront lieu pour deux ou trois référents par circonscription et une personne par collège et par lycée.

Un parcours d'auto-formation sera aussi accessible pour les enseignants ou personnels sociaux de santé, une formation renforcée de deux jours proposée aux personnels volontaires, et des contenus publiés pour les enseignants (livret par niveau, exemples de séances...). Pour Guislaine David cependant, sur le volet formation, "on peut avoir des doutes, parce que les moyens ne sont pas abondés en conséquence".

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / RasyidArt

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