« Mon client est confronté à de graves risques de sécurité. Nous avons intentionnellement gardé la nouvelle secrète pour éviter de mettre sa vie et la nôtre en danger. Gill est très heureux après avoir été libéré de prison le 13 novembre, mais il ne peut pas retourner à sa vie normale. »
Sajjad Masih est un chrétien pakistanais. Accusé de blasphème pour avoir prétendument envoyé un SMS blasphématoire en 2011, il avait été condamné à la prison à perpétuité. Une peine convertie en peine de mort le 10 mars dernier sous la pression d’un groupe juridique islamiste.
Mais le 9 novembre, un tribunal de grande instance l’a acquitté. Il a été libéré de prison le 13 novembre, selon son avocat. Comme dans le cas des deux infirmières chrétiennes accusées de blasphème et libérées sous caution, la décision est restée secrète « pour éviter l’indignation islamiste » selon des propos de son avocat, repris par Morning Star News. La Haute Cour de Lahore avait acquitté Sajjad Masih le 26 octobre, estimant que les preuves apportées contre lui étaient insuffisantes.
Selon son avocat, Javed Sahotra, il s’agit d’un « miracle », pour sa mère et pour sa famille, mais Sajjad Masih ne peut cependant pas retrouver une vie normale.
« Mon client est confronté à de graves risques de sécurité. Nous avons intentionnellement gardé la nouvelle secrète pour éviter de mettre sa vie et la nôtre en danger. Gill est très heureux après avoir été libéré de prison le 13 novembre, mais il ne peut pas retourner à sa vie normale. »
Il déplore la complexité de traitement des affaires en cas d’accusation de blasphème. L’avocat précise que « l’audience de son appel a été ajournée plus d’une centaine de fois par la Haute Cour de Lahore parce que les juges n’étaient pas prêts à entendre l’affaire ».
« La peur qui entoure les affaires de blasphème est telle que lorsque notre appel a été réglé devant une femme juge, elle a carrément refusé de l’entendre. Quand je lui ai dit que l’affaire était en attente devant son tribunal depuis plusieurs audiences, elle a dit qu’elle n’avait pas lu le dossier de l’affaire, sinon elle aurait immédiatement demandé au juge en chef de régler le problème devant un autre juge. »
Javed Sahotra dénonce « la souffrance de toutes les personnes accusées de blasphème ».
« Bien que le verdict du tribunal soit louable, il est grand temps que la magistrature supérieure et le gouvernement se rendent compte de la souffrance de toutes les personnes accusées de blasphème, en particulier celles qui ont été accusées de fausses affaires. Gill avait 27 ans lorsqu’il a été arrêté et il a passé près de 10 ans de sa jeunesse incarcéré sur une fausse accusation. Qui compensera l’immense perte qu’il a subie pendant ce temps ? »
M.C.