
Alors que 150 réfugiés afghans ont été arrêtés au Tadjikistan et risquent une expulsion imminente, l’ONG Portes Ouvertes tire la sonnette d’alarme sur le sort des minorités persécutées, notamment les chrétiens. Elle appelle à une mobilisation urgente dans la prière.
Dans un communiqué publié hier, l’ONG Portes Ouvertes alerte sur la situation critique des réfugiés afghans au Tadjikistan, où les autorités ont confirmé leur intention de les rapatrier de force vers un pays désormais contrôlé par les talibans. Parmi les 150 personnes arrêtées ces dernières semaines, certaines disposent pourtant d’un statut officiel de réfugié accordé par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). L’ultimatum lancé à tous les réfugiés afghans de quitter le territoire tadjik sous 15 jours est désormais arrivé à son terme, faisant craindre des expulsions imminentes.
Parmi ces réfugiés se trouvent des personnes issues de minorités religieuses et ethniques particulièrement ciblées en Afghanistan, comme les Ahmadis, les chiites, les Hazaras, mais aussi les chrétiens convertis. Pour ces derniers, le retour forcé représente un danger mortel. Si leur foi venait à être découverte, ils risqueraient la prison, la torture, voire la mort.
"Je suis profondément inquiet pour les femmes qui sont déportées : quel sera leur avenir ? Et j’ai une pensée toute spéciale pour ceux qui sont secrètement des convertis au christianisme", souligne Jan de Vries, spécialiste de l’Asie centrale pour l’ONG Portes Ouvertes.
"Rapatriés, ils vont devoir se cacher plus que jamais. Pour les chrétiens en particulier, ce rapatriement les place en danger de mort, alors que les talibans s’opposent à toute présence chrétienne dans leur pays."
Depuis le retour des talibans en 2021, l’Afghanistan est devenu un pays particulièrement dangereux pour les chrétiens. À l'époque, des campagnes de porte-à-porte avaient été menées pour retrouver ceux qui avaient abandonné l’islam. Le pays avait même pris la première place de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens publié par Portes Ouvertes en 2022.
Les autorités du Tadjikistan justifient leur décision par diverses accusations à l’encontre des réfugiés : trafic de drogues, diffusion d’idéologies extrémistes, présentation de fausses informations. Mais selon la Khamaa Press News Agency, certaines personnes concernées étaient en règle ou en attente de réinstallation vers un pays tiers comme le Canada. Des expulsions auraient déjà provoqué la séparation de familles, avec des enfants renvoyés tandis que leurs parents sont encore au Tadjikistan.
Portes Ouvertes s’inquiète de cette politique et souligne qu’elle s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’un retour forcé croissant des réfugiés afghans dans leur pays d'origine. Selon l’UNHCR, plus d’un million d’entre eux ont en effet été contraints de quitter le Pakistan, et un nombre similaire a été expulsé d’Iran. Dans tous ces cas, les minorités vulnérables sont exposées à la persécution, à la violence et à l’exclusion.
Face à cette situation, l’organisation lance un appel urgent à la prière pour les réfugiés afghans menacés de rapatriement.
Camille Wetsphal Perrier