Les parents d’Anna rêvaient de lui permettre un avenir meilleur que le leur en l’inscrivant dans cette école.
Anna Chand est une petite fille issue d’une famille chrétienne au Pakistan. Le 24 juillet dernier, elle a été renvoyée de son école et est rentrée seule chez elle, avec ses vêtements tachés de sang. Amenée à l’hôpital, les médecins l’ont examinée. La petite fille souffre d’une déchirure du périnée, et d’une rupture de l’hymen. Le mari de la directrice est présumé coupable de viol sur la fillette.
Comme une majorité de chrétiens dans ce pays, ses parents ont de très faibles ressources : sa mère, Roma, est au chômage, son père, Masih, est balayeur dans une usine. Mais ils souhaitent que leur fille bénéficie d’une bonne scolarité.
Alors pour ne pas attendre une année de plus sans qu’elle aille à l’école, Masih et Roma décident de l’envoyer dans une école à proximité de chez eux, à Raiwind. Selon la British pakistani Christian Association, cette école serait une sorte de madrassa, école coranique, et serait financée par l’UNICEF.
La mère d’Anna explique ce choix :
« J’ai toujours rêvé qu’Anna reçoive une éducation afin qu’elle puisse échapper à la pauvreté à laquelle notre famille est confrontée. Anna ne peut pas aller à l’école publique avant d’avoir 4 ans. Je voulais qu’Anna ait une longueur d’avance avec l’éducation dans cette école gratuite et j’espérais déplacer Anna dans une école appropriée à partir de l’année prochaine. »
Mais le 24 juillet, Anna rentre chez elle, à pied, avant l’heure de fin des classes, ses vêtements couverts de sang. Elle se plaint de maux de ventre. La maman accueille la petite fille, lui donne un médicament, et pense que les tâches de sang peuvent être liées à un sacrifice rituel effectué au sein de l’école.
Les douleurs d’Anna persistent. Quand son père rentre à la maison, Anna lui explique que Muhammed Saleem, le mari de la directrice, l’a battue.
Roma se précipite chez sa sœur car son neveu est scolarisé dans la même école qu’Anna. Il explique que le mari de la directrice a envoyé tous les enfants lire à l’étage et est resté seul avec Anna.
Les parents décident d’emmener leur fille à l’hôpital. Dans un premier hôpital, les médecins confirment le viol, mais refusent de la soigner jusqu’à ce que la police traite l’affaire. Dans un second hôpital, Anna va pouvoir être examinée et bénéficier d’un premier traitement.
Le ministre des droits de l’homme du Pendjab, M. Ijaz Alam Augustin, aurait confirmé le viol de la fillette. Il ajoute que les parents sont menacés d’accusation de blasphème.
Selon Juliet Chowdhry, de la British Asian Christian Association, « les filles chrétiennes sont considérées comme des cibles faciles pour les pédophiles et les violeurs car elles viennent de familles démunies et sans pouvoir et peuvent rapidement être accusées de blasphème pour contrecarrer la justice ».
En juin dernier, une autre fillette chrétienne avait été violée par son enseignant au sein de son école, qui tentait alors de couvrir l’affaire.
M.C.
Article initialement publié en août 2021.