Angel Studios : un studio chrétien à Hollywood

Aux Etats-Unis, un studio chrétien en croisade contre la culture woke d'Hollywood

Exploiter les failles d'Hollywood et sa "culture woke": voilà le leitmotiv d'Angel Studios, maison de production chrétienne qui a fait un carton l'été dernier avec le film "Sound of Freedom".

Créé par quatre frères mormons en Utah, terre conservatrice de l'Ouest américain, Angel Studios s'est fait un nom en rachetant "Sound of Freedom", un thriller sur la pédocriminalité dont la sortie avait initialement été annulée par Disney.

Le film s'est imposé en surprise du box-office mondial l'été dernier, avec 250 millions de dollars de recettes. Une performance un brin humiliante pour Disney, qui essuyait au même moment l'échec commercial de son cinquième "Indiana Jones".

Inspiré du combat d'un agent américain contre un réseau de traite des mineurs, "Sound of Freedom" s'est taillé une réputation sulfureuse suscitant de vives controverses outre-atlantique. Ses détracteurs reprochent notamment à l'acteur principal Jim Caviezel, célèbre pour avoir interprété Jésus dans La Passion du Christ de Mel Gibson, d'être proche de la mouvance QAnon. 

Mais pour M. Harmon, le phénomène révèle surtout l'incapacité d'Hollywood à appréhender les "guerres culturelles" qui fracturent l'Amérique.

En France, le film a été distribué par Saje Distribution. InfoChrétienne a interviewé le réalisateur du long-métrage en novembre dernier, Alejandro Monteverde, lors de son passage dans la capitale. Le réalisateur insiste, il n'est "qu'un cinéaste",  ni un expert, ni un politicien. "Je suis juste un artiste qui a été appelé à faire un film sur ce sujet", a-t-il expliqué lors de cet entretien.

Il a par ailleurs défendu Sound of Freedom dans plusieurs publications américaines, suite aux controverses qu'il a suscité, martelant que le film "n'est pas le moins du monde politique". Alejandro Monteverde l'affirme, son but est avant tout de sensibiliser le public sur cette problématique. 

"Écouter le client"

Angel Studios a acquis le film grâce à son modèle d'abonnement, où les abonnés votent pour les œuvres que la maison de production devrait produire ou distribuer. "C'est juste la ba-ba de l'entrepreneuriat", tacle le dirigeant. "Ecouter le client, et agir."

À ses débuts, l'entreprise s'appelait VidAngel et promettait aux familles l'accès à des productions hollywoodiennes, censurées "des seins, du sang et des gros mots".

Mais des litiges judiciaires pour violation du droit d'auteur l'ont poussé à une refonte : la structure a opté pour la production d'œuvres originales et s'est choisi un nouveau nom.

Angel Studios a fait des thèmes chrétiens sa marque de fabrique. Son but assumé est de produire des histoires qui "amplifient la lumière", comme la série The Chosen sur la vie de Jésus-Christ dont il a été le distributeur pendant trois saisons. Depuis sa saison 4, la série est distribué par l'association à but non lucratif Come & See. 

Depuis le succès de Sounds of Freedom, Angel Studios a connu plusieurs polémiques. Son modèle, qui permettait aux fans d'acheter des billets pour des inconnus afin de diffuser le message du film, a été accusé de gonfler artificiellement ses chiffres au box-office.

Ses détracteurs se sont demandés comment l'entreprise utilisait réellement cet argent, ce qui a conduit Angel Studios à publier le détail des coûts et bénéfices du film. Encensé par la mouvance QAnon, qui croit à l'existence d'un complot pédosataniste mis en œuvre par les élites américaines, le film a été accusé de colporter un message dangereux.

"Tout le monde l'a présenté comme un film de droite, alors qu'en réalité, il n'y a rien de dans qui penche à droite", rétorque M. Harmon.

"Très pro-vie"

Angel Studios mise désormais sur son prochain film, "Sound of Hope: The Story of Possum Trot". Une œuvre structurée par un message militant.

Le long-métrage, qui doit sortir le week-end du 4 juillet - la fête nationale américaine -, est basé sur l'histoire vraie d'une petite ville du Texas, où 22 familles ont décidé d'adopter des enfants à risque pour pallier au manque de familles d'accueil pendant les années 90.

Le film est "très, très pro-vie", résume M. Harmon, sans pour autant aborder frontalement la question de l'avortement. Un message qui ne manquera pas de résonner, en plein milieu d'une campagne présidentielle fortement marquée par les débats sur l'IVG.

Le studio travaille également à un film d'animation sur le roi David pour l'an prochain, et assure vouloir "rivaliser avec Disney au plus haut niveau" sur ce terrain.

Car M. Harmon n'a pas de mots assez durs pour critiquer ce qu'il considère comme le "wokisme" du géant du divertissement, qui a notamment introduit des thèmes LGBT dans sa récente série "Star Wars: The Acolyte". La firme aux grandes oreilles s'est "discréditée" aux yeux des Américains, tance-t-il. Elle incarne selon lui un Hollywood qui "privilégie la politique au détriment de la narration". 

Camille Westphal (avec AFP)

Crédit image : Shutterstoxk/ TMP - An Instant of Time

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