
Amnesty International a publié hier un communiqué appelant à la libération de neuf chrétiens coptes « détenus arbitrairement après avoir manifesté pacifiquement contre le refus des autorités de reconstruire une église incendiée il y a plus de cinq ans ».
L’organisation Amnesty International rapporte que le 30 janvier dernier, neuf chrétiens coptes du village d’Ezbet Farag Allah en Egypte ont été arrêtés par les forces de sécurité.
La semaine précédente, le 22 janvier, les neuf chrétiens avaient pris part à une manifestation pacifique organisée dans le diocèse copte orthodoxe de Samalut à el-Minya pour protester contre le refus des autorités de reconstruire leur église, qui était le seul lieu de culte chrétien copte du village.
Philip Luther, le directeur de la recherche et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord d’Amnesty International, rapporte que « les autorités égyptiennes ont ignoré pendant des années les appels à reconstruire l’église, laissant environ 800 chrétiens coptes sans lieu de culte dans leur village ».
Il dénonce les « efforts honteux » des autorités « pour faire taire ces appels », la détention arbitraire des neuf villageois ainsi que « les accusations ridicules » portées « contre ceux qui osent s’exprimer ».
« Les chrétiens coptes d’Égypte devraient avoir le droit de pratiquer collectivement leur religion », poursuit Philip Luther qui rappelle que « pendant trop longtemps, leur liberté religieuse a été minée par des lois et des pratiques discriminatoires, qui imposent des restrictions indues à la construction et à la rénovation d’églises et accordent un pouvoir absolu aux gouverneurs et aux forces de sécurité pour prendre des décisions sur les réparations des églises ».
L’église Saint-Joseph et Abu Sefein avait pris feu en 2016 dans des circonstances décrites comme « suspectes » par l’organisation internationale qui indique que « selon un avocat », « la cause de l’incendie n’a jamais fait l’objet d’une enquête approfondie ».
L’église a été démolie en juillet 2021, à la suite de quoi les chrétiens ont soumis une demande officielle au gouverneur de l’Etat qui n’a, à ce jour, pas répondu à leur demande. Amnesty rappelle qu’il s’agit là d’une « violation » à la loi de 2016 sur la construction des églises « qui exige une réponse dans les quatre mois ».
Pour Philip Luther, « le droit à la liberté de religion ne devrait jamais être restreint pour des motifs discriminatoires, notamment la religion, le statut économique ou la situation géographique des personnes ».
Il appelle les autorités égyptiennes à « immédiatement abroger » la loi en vigueur dans le pays à ce sujet qu’il juge discriminatoire, pour la remplacer par une « loi qui garantit le droit à la liberté de religion pour tous sans imposer de conditions et de barrières supplémentaires aux minorités religieuses ».
Camille Westphal Perrier