Altercation dans le métro parisien entre un homme et une jeune évangéliste
Une vidéo publiée le 4 mars montrant une altercation entre un passager et une jeune chrétienne évangélique, qui prêchait la parole de Dieu dans le métro parisien, a récemment fait le tour d'Instagram. L'incident soulève la question de la liberté d'expression dans les espaces publics. "Nous ne pouvons pas nous plaindre de l’absence de liberté d’expression pour un motif justifié qui est la tranquillité des passagers", a commenté la juriste du CNEF, rappelant que l'ordre public reste une priorité dans les transports en commun.
Alors qu’elle prêchait l’Évangile dans une rame du métro parisien, Érine, accompagnée de la pasteure Tina Rali, a été interrompue par un usager du service public. L’altercation a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, le 4 mars.
"Vous n’avez pas le droit, ce que vous faites est interdit" s’est indigné l’homme qui a demandé à la jeune femme d’arrêter de parler. La pasteure Tina lui a rétorqué avoir "plus que le droit" d’annoncer Jésus.
"On a tout à fait le droit, plus que le droit. On déclare Jésus ici, Jésus est le roi."
L’altercation s'envenime puis devient violente. Des hommes qui semblent faire partie du groupe de chrétiens tentent de calmer la situation alors que certains continuent de crier dans la rame "Jésus est le roi". L’homme, qui n’a pas été flouté, crie aux chrétiens que Jésus n’est pas "un tyran" qui "impose" et intime à l'évangéliste de se taire.
"Jésus est un roi, pas un tyran, alors vous vous taisez ! Vous arrêtez d’imposer !"
La vidéo a été vue près de 270 000 fois et a fait réagir de nombreux internautes. Tandis que certains saluent le "courage" d’Érine et apportent leur soutien à son ministère, d’autres rappellent que "Jésus ne s’impose pas" mais "se partage avec amour et respect".
Qu'en est-il de la liberté d'expression ?
Dans un précédent entretien réalisé en 2023, la pasteure Tina Rali nous avait confié avoir reçu de Dieu cet appel pour "semer" sa Parole dans le métro parisien.
"C’est ce que le Seigneur m’a demandé de faire et lorsque Dieu nous appelle il faut y aller. Je suis fidèle à son appel."
Suite à cette récente altercation, nous avons contacté le service juridique du Conseil National des Évangéliques de France (CNEF), qui nous a rappelé la législation en vigueur concernant l’Évangélisation dans les rames de métro. "Quand nous sommes dans des espaces confinés, tels que des rames de métros, il y a une réglementation mise en place pour la tranquillité et l’ordre public" nous a expliqué Nancy Lefèvre, juriste du CNEF.
Selon l’article 15 de l’arrêté du 9 décembre 1968 concernant l’exploitation du réseau ferré métropolitain de la Régie autonome des transports parisiens, "il est interdit de distribuer des tracts, de solliciter la signature de pétitions, de se livrer à une quelconque propagande, de se livrer à la mendicité, de troubler la tranquillité des voyageurs de quelque manière que ce soit dans les trains et les parties des stations dont l’accès est autorisé au public".
Cet article de la RATP ne va pas à l’encontre de l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui protège les convictions religieuses, mais apporte des limites à cette expression, dont le respect de l’ordre public.
À la fin de la vidéo, Érine se demande si la liberté d’expression existe toujours en France. Selon le service juridique du CNEF, cette interdiction par la RATP est "justifiée" en raison de la tranquillité des passagers.
"Nous ne pouvons pas nous plaindre de l’absence de liberté d’expression pour un motif justifié qui est la tranquillité des passagers. C’est une affirmation péremptoire qui induit une fausse idée pour les chrétiens de se mettre en victime alors que tout le monde dans le métro est soumis aux mêmes restrictions."
"Nous partageons également l’urgence d’annoncer l’Évangile autour de nous" a conclu Nancy Lefèvre. Pourtant, elle a tenu à rappeler l’importance pour les chrétiens d’utiliser leur liberté de manière "responsable" et en obéissant à la loi, afin de ne pas "décrédibiliser" leur message.
Mélanie Boukorras
