Aide active à mourir : la majorité des croyants pratiquants sont “défavorables à l'autorisation du suicide assisté”

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Un sondage réalisé par Cluster 17 pour Le Point, le 2 octobre dernier, révèle l’opinion des français quant au projet de loi sur la fin de vie. Malgré le large consensus de la population en faveur de l’euthanasie, une majorité de croyants restent défavorables à sa légalisation.

Lundi 2 octobre, Cluster 17, un laboratoire d’étude de l’opinion, a publié les résultats d’un sondage commandé par le magazine Le Point. Le but principal est d'examiner l'opinion des Français sur l’euthanasie et le suicide assisté.

Alors qu'Emmanuel Macron a promis une nouvelle loi sur la fin de vie d'ici quelques mois, ce sondage nous permet d'en savoir plus sur l'état d'esprit de la population. Le 2 avril dernier à l'issue de près de trois mois de débats, les quelques 180 participants à la convention citoyenne sur la fin de vie se sont prononcés majoritairement en faveur d'une évolution de la loi pour une "aide active à mourir", considérant que le cadre légal en vigueur (loi Clayes-Leonetti de 2016) est insuffisant.

La législation sur la fin de vie n’a cessé d’évoluer en France, amenant l'ouverture des droits aux patients notamment par la loi Leonetti en 2005 suivit de la loi Claeys-Leonetti en 2016, qui permet une "sédation profonde et continue" de certains malades jusqu'à leur mort, sans pour autant permettre de provoquer activement leur décès ou de leur en donner les moyens.

La majorité des croyants pratiquants sont “défavorables à l’autorisation du suicide assisté”

Selon l'enquête publiée par Le Point, plus de la moitié des croyants pratiquants se prononcent contre l'autorisation du suicide assisté. Alors que plus de huit français sur dix souhaitent une loi qui légalise l'euthanasie, un croyant pratiquant sur deux, est contre. 

Ainsi, 54% des croyants pratiquants intérogés se prononcent contre l’autorisation du suicide assisté, lorsque le patient lui-même déclanche sa mort à la suite de souffrances qualifiées d’intolérables et 47% sont contre la légalisation de l’euthanasie, lorsque le patient est atteint de maladie incurable et qu’il bénéficie déjà de soins palliatifs.

Le 4 janvier dernier, dans un communiqué adressé à Madame Firmin-Le Bodo la ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) affirmait la position des évangéliques de France contre la mise en place d’une aide active à mourir.

Dès les premières lignes, le CNEF rappelle les principes bibliques en ce qui concerne la valeur de la vie humaine.

"La vie de chaque humain a une valeur inaltérable, du fait même de son appartenance à l’humanité. Tout humain étant créé et aimé par Dieu, sa dignité ne diminue pas avec les années, sa condition sociale, ou la baisse de ses facultés physiques et cognitives. Depuis plusieurs millénaires, le 6ème commandement interdit explicitement toute atteinte à la vie humaine : ‘tu ne commettras pas de meurtre’."

Les évangéliques expriment en outre des inquiétudes quant à "l’effet que pourrait produire sur la relation soignant-patient le fait que les mains qui soignent puissent être les mêmes que celles qui donnent la mort" estimant que "la confiance de fond dans le soignant en serait sérieusement ébranlée".

“Un consensus très large dans la population, en faveur de l’euthanasie”

Si les croyants pratiquants sont majoritairement contre l'euthanasie et le suicide assisté, les résultats de l'enquête revèle que la fin de vie n'est pas un sujet de société "inflammable", puisque huit français sur dix souhaitent une loi qui légalise la fin de vie. Sur l’ensemble des sondés, 83% sont favorable à l’euthanasie en France et 47% se disent même “très favorable”. Dans l'opinion, le soutien à la loi l'emporte avec 74% pour l'euthanasie et 61% pour le suicide assisté. 

A l’inverse, seulement 3% des Français se disent prêts à manifester "contre une loi autorisant l’euthanasie” et 4% contre le suicide assisté. La majorité des Français qui se disent contre ce projet de loi, n'irait pas jusqu'à manifester. Ainsi, c’est plutôt “l’indifférence qui règne”.

Malgré ce consensus, 67% des Français souhaitent la mise en place d'une "condition médicale" dans le cadre de la pratique de l'euthanasie, contre 13% qui n'en souhaitent pas. 

Fin septembre le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester a indiqué que le projet de loi sur la fin de vie devrait être débattut au Parlement l'année prochaine. Une fois adopté en Conseil des ministres, ce texte fera l'objet d'un "travail par une commission spéciale" à l'Assemblée et au Sénat. 

Mélanie Boukorras

Crédit image : Shutterstock  / Mr.songkod Sataratpayoon

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