Aide à mourir : le CPDH alerte sur une "proposition funeste"

Aide à mourir le CPDH alerte sur une "proposition funeste"

Alors que l’Assemblée nationale doit se prononcer mardi 27 mai sur deux propositions de loi concernant les soins palliatifs et la légalisation de l’aide à mourir, le Comité protestant évangélique pour la Dignité humaine (CPDH) a publié un communiqué le 23 mai dans lequel il exprime son opposition ferme au projet porté par le député Olivier Falorni. Il y voit une rupture éthique majeure dans la manière dont la société française considère la fin de vie.

"La mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement" : c’est en s’appuyant sur l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme que le CPDH exprime son incompréhension face à une évolution législative qu’il juge contraire aux engagements fondamentaux de la France. L'organisation s’interroge : comment une société qui a unanimement soutenu en 2005 la loi Léonetti, favorable à un accompagnement sans acharnement thérapeutique, peut-elle aujourd’hui envisager d’autoriser des injections létales ?

"L’euthanasie ne supprime pas la douleur, elle supprime le patient, le malade, notre semblable" souligne le CPDH dans ce document. Il estime que l’instauration d’un droit à l’aide à mourir ne soulagera ni les patients, ni leurs proches, ni les soignants et engendrera en plus une insécurité morale et sociale, particulièrement pour les plus vulnérables.

Le CPDH redoute en outre un basculement vers une société où certaines vies pourraient être jugées indignes d’être vécues, faute de ressources ou de reconnaissance.

"Elle va créer des doutes vertigineux et elle s’adressera dans les faits premièrement à ceux que la société considérera comme inutiles ou trop coûteux … indignes de vivre !"

Dans un contexte où les hôpitaux publics souffrent d’un manque de mayens, le CPDH s’indigne du calendrier choisi pour cette réforme et regrette que la priorité ne soit pas donnée au développement de soins palliatifs accessibles et de qualité sur l’ensemble du territoire.

"Ce n’est pas une grande loi d’égalité, comme le prétendent ses défenseurs, mais une proposition funeste cherchant à consumer ce qui nous reste de fraternité."

Cette prise de position s’inscrit dans une mobilisation plus large du monde chrétien en France. Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a également publié le 22 mai un communiqué, accompagné d’une lettre adressée à plusieurs parlementaires. Invoquant la "dignité inestimable" de toute vie humaine, il dénonce un texte porteur de "perspectives incontrôlables" et appelle à un renforcement des soins palliatifs.

Coté catholique, une veillée pour la vie a été organisée mercredi 21 mai la cathédrale Notre-Dame de Paris, à l’appel de tous les évêques catholiques d’Île-de-France. 

Enfin, une manifestation pacifique est annoncée pour le mardi 27 mai, jour du vote à l’Assemblée nationale. "Dans le contexte du vote sur le projet de loi relatif à la fin de vie, nous souhaitons offrir un espace de réflexion et de témoignages pour dire notre attachement à la dignité humaine et au soutien aux plus fragiles", expliquent les organisateurs.

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Shutterstock / Robert Kneschke

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