Afghanistan : 97% de la population « bien en-dessous » du seuil de pauvreté d’ici le second semestre

shutterstock_2026184351.jpg

« L’IRC travaille dans des dizaines de situations de crise et de conflit, mais nous n’avons pas vu un pays entier se détériorer aussi rapidement ces dernières années. »

L’International Rescue Committee (IRC) a publié hier un communiqué dans lequel il révèle la situation des Afghans six mois après la prise de pouvoir par les talibans. Fondée suite à l’appel d’Albert Einstein en 1933, cette organisation qui vient en aide aux personnes touchées par des crises humanitaires craint que 97 % de la population vive bien en dessous du seuil de pauvreté d’ici le second semestre de cette année.

« Alors que les conditions hivernales glaciales s’aggravent, des millions de familles se retrouvent dans une situation désespérée », explique l’organisation, avant de préciser que « près de 23 millions d’Afghans - plus de la moitié de la population du pays - sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë ».

L’IRC craint que si ce problème n’était pas résolu, la crise humanitaire actuelle fasse plus de morts que 20 années de guerre.

Vicki Aken, directrice de l’IRC Afghanistan, déplore la rapidité de la détérioration.

« L’IRC travaille dans des dizaines de situations de crise et de conflit, mais nous n’avons pas vu un pays entier se détériorer aussi rapidement ces dernières années. »

Elle évoque ensuite l’arrêt des financements non humanitaires par la communauté internationale, « qui s’élevaient à 40 % du PIB et soutenaient 75 % des dépenses publiques, y compris les services de base ».

« Cette crise économique contribue à une urgence humanitaire catastrophique qui a laissé un quart de la population face au risque de famine - la plus grande population connaissant des niveaux de faim aussi extrêmes dans le monde.

Puis elle témoigne de l’indicible désespoir des familles afghanes.

« Les familles afghanes sont contraintes à des mesures de survie de plus en plus désespérées. Des mères et leurs enfants sont assis sous la neige, mendiant de l’argent ; les parents sont obligés de vendre leurs filles en mariage précoce pour apporter de l’argent à leurs familles. « 

Elle affirme, « en ce moment, chaque jour, des Afghans sont punis par des politiques internationales qui laissent des millions de personnes au bord de la famine ».

« Le glissement de l’Afghanistan vers la catastrophe est principalement motivé par les politiques de la communauté internationale, plutôt que par un conflit ou une catastrophe naturelle. Pour des millions d’Afghans, la survie dépend de leur capacité à accéder à l’aide humanitaire, mais l’aide humanitaire ne peut remplacer les fonctions de l’État. Les réductions drastiques de l’aide ont été aggravées par le gel des avoirs afghans et la confusion autour des sanctions internationales qui entraînent une crise financière qui touche tous les recoins de la vie afghane. Les Afghans ordinaires ont besoin de plus que d’aide - ils ont besoin d’un système bancaire et d’une économie fonctionnels afin que les entreprises puissent retirer de l’argent pour payer leurs employés, que les gens puissent gagner leur vie, payer leur nourriture sur les marchés et subvenir aux besoins de leurs familles. »

Selon Vicki Aken, les six prochains mois seront décisifs et « le coût de l’échec trop élevé ».

M.C.

Crédit image : Shutterstock.com / Amors photos​​

Articles récents >

Résumé des articles du 26 novembre 2024

outlined-grey clock icon

Les nouvelles récentes >