Affaire Matthieu Koumarianos : l’Église My Gospel Church dissoute après des accusations visant son fondateur

Affaire Matthieu Koumarianos  l’Église My Gospel Church dissoute après des accusations visant son fondateur

Cet article s’inscrit dans un dossier plus large consacré aux abus sexuels et abus de pouvoir au sein des milieux évangéliques en France. Après l’affaire Guillaume Bourin, c’est au tour de My Gospel Church d’être secouée par des révélations qui ont conduit à la destitution de son pasteur, Matthieu Koumarianos, et à la dissolution de l’Église.

Pendant dix ans, My Gospel Church s’est imposée comme une Église évangélique atypique et innovante. Fondée sur la passion du gospel et ouverte à tous, elle avait d’abord pris racine sur une péniche parisienne avant de s’établir dans un loft en région parisienne. Elle était régulièrement citée en exemple pour sa capacité à attirer des personnes en marge des circuits ecclésiaux traditionnels.

Le 15 décembre dernier, cette communauté a brutalement cessé d’exister. L’Église a été dissoute par démission de tous ses membres, et son pasteur, Matthieu Koumarianos, a été destitué par son union d’Eglises pour "faute morale grave". L’événement a surpris, d’autant qu’un concert de Noël prévu quelques jours plus tard a été annulé en toute discrétion. Depuis, l’Église a disparu des réseaux sociaux, et sur Google Maps il est indiqué qu’elle est "définitivement fermée".

Selon Patrice Niveaux, président de l’union Perspectives, à laquelle appartenait l’Église, des signalements avaient déjà émergé dans le passé, mais sans preuve suffisante pour justifier une action immédiate. "Des rumeurs circulaient depuis un moment sur son comportement inapproprié, des propos déplacés, une emprise sur des fidèles, expliquait-t-il à nos collègues d’Evangéliques.info en décembre dernier. Mais ce n’est que récemment que nous avons recueilli des témoignages circonstanciés et concordants".

Une réaction institutionnelle rapide

Face à ces révélations, l’union Perspectives a pris des mesures immédiates. Dès le 6 décembre, la décision de destituer Matthieu Koumarianos a été actée, et une communication a été envoyée aux autres unions d’Églises membres du CNEF (Conseil national des évangéliques de France). Le 13 décembre, l’équipe pastorale de My Gospel Church a officialisé sa révocation, et deux jours plus tard, l’Église était dissoute.

Dans une lettre adressée aux fidèles, Matthieu Koumarianos a reconnu des relations extra-conjugales multiples et a demandé pardon. Toutefois, il ne s’est pas exprimé publiquement sur les accusations d’abus et de manipulation.

Un signalement transmis aux autorités

Dans un courrier adressé à ses membres le 17 décembre, le président du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), Erwan Cloarec, est revenu sur les faits, évoquant "les agissements graves de Matthieu Koumarianos : manipulation, emprise, abus de faiblesse et affaires sexuelles multiples au cours de ces dix dernières années". 

Il a salué la décision de l’Église My Gospel Church de se dissoudre, soulignant sa volonté “de se désolidariser” des actes de son fondateur. Face à l’ampleur des révélations, le CNEF a indiqué avoir mobilisé son service Stop Abus, qui “accompagne plusieurs victimes et les redirige vers une prise en charge qualifiée”. 

Le courrier précise que certaines ont déjà porté plainte ou saisi la Miviludes. Par souci de transparence et de prévention, le CNEF a lui-même alerté la Miviludes “devant les risques de dérives dans d’autres contextes”.

Dans cette lettre, Erwan Cloarec exprime également au nom de l’organisation toute sa “compassion aux nombreuses victimes” et encourage “toute personne qui aurait subi les agissements de Matthieu Koumarianos à révéler les faits librement auprès de Stop Abus, des services de police ou de la Miviludes, et commencer un parcours de restauration”. En conclusion, il rappelle aux responsables d’Église l’exigence d’une conduite exemplaire, en citant la Bible :

"Ne cherchez pas à dominer ceux qui vous sont confiés, mais soyez les modèles du troupeau" (1 Pierre 5.3).

La rédaction a sollicité Matthieu Koumarianos pour obtenir un commentaire de sa part, mais n’a reçu aucune réponse à ce jour.

Camille Westphal Perrier

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