Accusée de blasphème, une chrétienne nigériane est maintenue en détention sans procès pour ne pas « raviver la violence »
Au Nigeria, Rhoda Ya’u Jatau est accusée de blasphème pour avoir condamné, sur WhatsApp, la lapidation de Deborah Yakubu.
Rhoda Ya’u Jatau est une chrétienne nigériane de l’Etat de Sokoto. Le 12 mai dernier, elle a partagé sur WhatsApp un message condamnant le meurtre de Deborah Yakubu, une étudiante chrétienne avait été lapidée à mort après avoir dénoncé la discrimination subie par les étudiants chrétiens dans son école. Accusée de blasphème, elle avait alors été placée en détention le 20 mai.
Christian Solidarity International apporte son soutien à la famille de cette chrétienne depuis que le tribunal a refusé sa libération sous caution. Leurs partenaires se sont rendus auprès de son mari, Adamu.
« Je n’ai pas dormi depuis qu’elle a été arrêtée. Tout ce que je veux, c’est qu’elle soit vivante et libre », leur a-t-il affirmé.
Adamu a dû fuir son logement avec ses cinq enfants pour fuir la violence. Un pasteur lui a permis d’obtenir un logement dans un immeuble encore en construction. Il a dû vendre ses biens pour financer les frais de justice de sa femme, mais aussi verser des sommes importantes à la police de Bauchi qui prétendait pouvoir faire libérer Rhoda.
« Nous avons déposé une demande de libération sous caution le 20 juillet après qu’elle ait été détenue pendant deux mois, ce qui est la période maximale autorisée par la constitution pour qu’un suspect soit détenu sans procès », explique son avocat Joshua Nasara, avant de préciser, « mais la demande n’a été attribuée à un juge que le 26 juillet et à ce moment-là, les juges étaient partis en vacances. C’est en août que la requête a été réattribuée à un juge qui l’a entendue pour la première fois le 11 août ».
Le 13 octobre, un juge a finalement décidé de refuser la libération sous caution. affirmant que « sa libération pourrait raviver la violence et l’exposer à un danger ».
M.C.