Accusé de prier pour les malades, un responsable chrétien arrêté en Inde Instituteur dans l’État d’Assan en Inde, Pranjal Bhuyan a été arrêté par les autorités locales. Ce chrétien de l’Église baptiste est accusé d’avoir essayé de convertir les gens par la prière. Une « arrestation injustifiée" selon le Forum chrétien de l'Assam (ACF) et l'archevêque local.
Quelle peut être la force de la prière ? Il est parfois difficile de s’en faire une idée précise. Pourtant les autorités indiennes la craignent et sont prêtes à arrêter un homme qui prie. En effet, le 22 novembre, Pranjal Bhuyan s’est retrouvé en détention pour avoir simplement prié, comme le rapport Christian Today.
Le trentenaire est membre de l'église baptiste de Golaghat, une église centenaire dans cette région du nord-est de l’Inde. Instituteur, il donnait des leçons aux enfants de la région, mais les parents le soupçonnaient de donner des cours de Bible. Mais c’est le motif de l’arrestation de Pranjal Bhuyan qui est le plus ubuesque : il est accusé de « pratiques magiques de guérison ».
Le jeune enseignant n’est pas sorcier mais chrétien et est en réalité accusé d’avoir prié pour la guérison de malades. Cette arrestation marque la première application de l'Assam Healing Practices Act en vigueur depuis le 14 mars 2024. En vertu de cette nouvelle loi, les « pratiques maléfiques » sont définies comme « la commission de tout acte de pratiques de guérison et de guérison magique, par toute personne, avec un motif sinistre d'exploiter les gens ordinaires ».
S'il est reconnu coupable, Pranjal Bhuyan risque une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à un an pour une première infraction, extensible à trois ans, ainsi qu'une amende potentielle de 50 000 roupies (environ 560 euros). Cette arrestation a été vivement critiquée par les églises chrétiennes locales. Allen Brooks, porte-parole de l'Assam Christian Forum (ACF) s’est insurgé :
« Cette loi criminalise l'acte fondamental de prier pour le bien-être de quelqu'un. Ce à quoi nous assistons n'est pas seulement une attaque contre les pratiques religieuses, mais une tentative de redéfinir la prière elle-même comme un acte criminel ».
De son côté, Mgr John Moolachira, archevêque de Guwahati, a exprimé de sérieuses inquiétudes sur cette nouvelle loi, estimant que la prière est une pratique universelle qui ne devrait pas être confondue avec le prosélytisme.
Les chrétiens représentent 3,74 % des 31 millions d'habitants de l'État d’Assam, soit plus que la moyenne nationale de 2,3 %. L'ACF a demandé au gouvernement de reconsidérer la législation et de veiller à ce que les droits constitutionnels soient protégés pour les citoyens de toutes les confessions.
Jean-Benoît Harel
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