C’était le 31 mai 1921, il y a un siècle, qu’une foule d’Américains blancs ont massacrés trois cents afro-américains dans le quartier de Greenwood à Tulsa dans l’Oklahoma.
La ville de Tulsa sera en pause ce mardi 1er juin, qui marque le 100e anniversaire d’un massacre racial. En 1921, des habitants blancs de l’Oklahoma ont tués des centaines d’afro-américains, détruisant cette communauté prospère et réduisant à feu et à sang Greenwood Avenue, au coeur de ce qu’on appelait alors le « Black Wall Street américain ».
La foule a détruit quatre hôtels, deux journaux, huit cabinets de médecins, sept salons de coiffure, une demi-douzaine d’agences immobilières et une demi-douzaine d’églises rapporte Christianity Today.
Dimanche 30 mai, un « jour de foi pour l’unité »
Dimanche, un jour avant la date officielle du centenaire, des commémorations ont eu lieu dans de nombreux lieux de cultes de Tulsa et de l’Oklahoma.
La commission qui a organisé le centenaire a désigné ce dimanche 30 mai comme « le jour de la foi pour l’unité » et a fourni un guide d’adoration pour chaque congrégation qui contient notamment le chant « Amazing Grace ». D’autres célébrations ont eu lieu lundi et sont prévues ce mardi, comme une veillée aux chandelles ainsi que la visite du président américain Joe Biden.
L’église First Baptist au Nord de la ville a hébergé six congrégations dimanche, réunies pour l’événement et honorer les centaines de personnes qui ont perdues la vie, ainsi que la communauté afro-américaine. Le révérend John Faisan de Nashville au Tenessee, qui a prêché lors du culte, a affirmé que Greenwood est « une terre sainte » avant d’ajouter que ce centenaire « célèbre la résilience et la résurgence d’un incroyable peuple de Dieu ».
Un appel à la réparation
« Le principal problème est que notre nation essaie toujours de se réconcilier sans rendre justice » a également déclaré John Faisan, qui estime que tant que « la repentance et la réparation ne seront pas considérées comme inséparables, toute tentative de réconciliation échouera lamentablement ».
Associated Press rapporte que dans les « églises historiquement noires en particulier, les orateurs ont insisté sur un appel à des réparations financières - à la fois pour les quelques survivants centenaires du massacre et plus largement pour cette région de North Tulsa qui connait des difficultés économiques et où la population noire de la ville est largement concentrée ».
C’est par exemple le cas du pasteur de l’église épiscopale méthodiste africaine, Robert Turner, qui souhaite qu’une « enquête pénale posthume » sur les auteurs du massacre ait lieu. Pour lui, cette tragédie « ne reste pas en 1921 », mais « continue chaque jour, car il n’y a pas eu de justice ».
Dénoncer le racisme
Avec l’émergence du mouvement Black Lives Matter et des événements tragiques récents comme le meurtre de George Floyd, ce sujet semble plus que jamais d’actualité aux Etats-Unis. Cette commémoration est également l’occasion de pointer le racisme à l’égard des communautés afro-américaines.
Pour Deron Spoo, pasteur blanc d’une église baptiste de Tulsa, ce massacre est « une cicatrice » pour la ville. Il a institué dans son église une salle de prière qui propose également une exposition sur le massacre, accompagnées de prières contre le racisme. Lors de son prêche dimanche, le pasteur a martelé que « le racisme n’a pas sa place dans la vie d’un disciple de Jésus ».
« Nous ne voulons plus jamais que cela se reproduise nulle part » a déclaré Donna Jackson, une des organisatrices de la commémoration.
Camille Westphal Perrier