Quelques secondes après minuit, alors que de nombreux jeunes israéliens célèbrent le passage à 2024 dans une rue animée de Tel-Aviv, certains courent se mettre à l'abri sur les côtés, voyant dans le ciel des tirs de roquettes interceptés par les systèmes de défense antimissile israéliens.
D'autres continuent à faire la fête, comme si de rien n'était.
"Je suis terrifié, j'ai le coeur qui bat la chamade", confie Gabriel Zemelman, 26 ans, venu faire la fête avec ses amis. "Je souhaite à toute personne dans le monde de vivre une vie normale sans avoir peur de mourir demain", ajoute le jeune homme, un serre-tête "Bonne année" à paillettes dans les cheveux.
Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, ont revendiqué l'attaque, affirmant avoir utilisé des roquettes M90 en "réponse aux massacres de civils" perpétrés par Israël.
L'armée israélienne a confirmé l'attaque, sans faire état de victimes ou de dégâts dans un premier temps.
"Vivre ensemble"
Les fêtards sont nombreux dimanche soir dans cette rue où s'alignent les bars et les restaurants. Gelerenter, lycéenne de 17 ans, a d'abord eu "peur" de sortir, mais a expliqué avoir pris sur elle pour rejoindre ses amis et s'amuser afin de fêter "un nouveau début" pour 2024.
"Je prie pour la paix, pour que les gens arrêtent de se détester et s'unissent", lance un peu plus loin Boaz Bates, musicien de 25 ans, très critique envers le gouvernement de Benjamin Netanyahu, "car à la fin, ce ne sont pas eux qui sont sur le terrain en train de se battre".
Ido Hurvitz est venu dîner dans un des restaurants de la rue avant de se rendre à une soirée privée. Lui espère que "nous apprendrons à vivre ensemble car la plupart d’entre nous veulent la paix".
Dans cette ambiance festive, les sentiments de cet étudiant en informatique de 24 ans sont "mitigés": "notre pays est en guerre, mais nous avons besoin de continuer notre vie, c'est notre façon de gagner".
A côté de lui, son amie Shir Taitou, réserviste de 24 ans qui a travaillé pour les relations presse de l'armée, est elle aussi partagée, expliquant avoir envie de sortir mais se sentir "triste", certains de ses amis étant toujours mobilisés à Gaza.
Depuis l'attaque sanglante du 7 octobre qui a fait environ 1.140 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien surpleuplé.
Selon un nouveau bilan annoncé dimanche par le ministère de la Santé du Hamas, 21.822 personnes ont été tuées et 56.451 blessées à Gaza depuis le début de la guerre.
"Pas le coeur à la fête"
A Tel-Aviv, des groupes dansent devant un bar qui crache de la musique électro: sur la façade est inscrit un gigantesque "Bring them home now!" - "Ramenez-les à la maison!". 129 personnes sur les quelque 250 enlevées le 7 octobre en Israël sont toujours retenues en otage dans la bande de Gaza.
Certains n'ont pas le coeur à la fête, comme Ran Stahl, serveur de 24 ans, qui a décidé de travailler pour la soirée du réveillon. "Je me suis bien habillé ce soir car j'en ai besoin pour sortir la tête de l'eau", explique le jeune homme, qui raconte qu'une de ses amies a été tuée au festival de musique Tribe of Nova le 7 octobre.
Depuis, il ne se sent pas "autorisé" à s'amuser: "la minute où je commence à danser, je me sens coupable, la tristesse et le deuil reviennent".
La Rédaction (avec AFP)
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