A la veille de la Pâque orthodoxe, des milliers de fidèles ont participé samedi à Jérusalem à la traditionnelle cérémonie du "feu sacré", rite millénaire symbole de vie éternelle, sous de sévères restrictions policières.
Bougie à la main, les pèlerins qui l'ont pu se sont rassemblés avec ferveur dans la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem, construite sur le site où Jésus a été crucifié et mis au tombeau avant de ressusciter, selon la tradition chrétienne.
La basilique est située dans la partie orientale de Jérusalem, occupée et annexée par Israël, et la police israélienne avait limité à 1.800 personnes, dont 200 policiers, l'assistance autorisée à l'intérieur du bâtiment.
Des milliers d'autres croyants palestiniens et pèlerins étrangers étaient rassemblés sur le parvis devant l'église, dans les rues adjacentes et jusqu'à l'extérieur des remparts de la Vieille Ville pour recevoir la lumière pascale, signe pour les chrétiens de la résurrection du Christ, selon des journalistes de l'AFP.
C'est peu avant 15h00 (12h00 GMT), que le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, Théophile III, est sorti de l'édicule construit au-dessus du lieu présumé de la tombe de Jésus, avec deux faisceaux de cierges allumés, déclenchant cris de joie, chants et vivats avant que la flamme ne circule de cierge en cierge dans l'assemblée exultant après des heures d'attente dans la pénombre de l'église.
Pour les croyants, les prêtres qui entrent dans le tombeau du Christ avec le patriarche reçoivent la flamme de façon miraculeuse. La cérémonie est le moment le plus important du christianisme oriental. La flamme qui est transmise ensuite à la foule à l'extérieur de la basilique est aussi acheminée par avion vers les Eglises orthodoxes à l'étranger.
Pour Laura, touriste originaire de Roumanie, l'émotion est intense.
"C’est comme si j'étais morte et vivante à nouveau. Je me sens bien, je ne peux pas l'expliquer avec des mots. C'est juste une grande émotion, je me sens au paradis"
Georges, retraité palestinien habitant la Vieille Ville, a regretté lui que "beaucoup de chrétiens de Cisjordanie ne peuvent pas venir" faute de permis délivrés par les autorités israéliennes.
Selon la police, les restrictions imposées ont pour but d'assurer la sécurité, après qu'une bousculade a fait plusieurs morts lors d'un pèlerinage juif en 2021 en Israël. Mais pour les chrétiens, et en particulier palestiniens, elles sont la preuve des discriminations dont ils se disent victimes.
Mercredi, le patriarcat grec-orthodoxe avait dénoncé les entraves "autoritaires" et "excessives" à la liberté de culte imposées selon lui par Israël, et avait invité "tous ceux qui veulent participer à la cérémonie à le faire".
"Tous les Palestiniens de Jérusalem-Est, musulmans et chrétiens, souffrent de l'occupation. Nous devons faire plus pour mettre fin à ces restrictions, à ces violations et à la violence policière", a fustigé samedi Ahmad Tibi, député arabe du Parlement israélien.
"C'est un événement très spécial pour beaucoup de gens, y compris pour nous la police. Et bien sûr nous voulons que beaucoup de gens puissent venir. Mais notre priorité numéro un c'est la vie humaine", a affirmé de son côté Dean Elsdunne, porte-parole de la police israélienne."Nous voulons être sûrs que les gens viennent et célèbrent en sécurité", a-t-il ajouté pour justifier les restrictions d'accès à la basilique.
"Moi, j'habite ici, donc je [devrais] être à l'intérieur de cette église, en train de prier", regrette Tamar Ashariyeh, enseignante palestinienne de 45 ans, bloquée à une centaine de mètres du Saint-Sépulcre. Abed, commerçant palestinien de la Vieille Ville déplore les barrages dressés par la police aux entrées et à l'intérieur de la Vieille Ville et reproche aux Israéliens d'avoir "tout fermé".
Mais pour Maria, qui habite elle aussi la Vieille Ville, "c'est comme ça que ça se passe depuis toujours, donc on est habitué". "C'est une question de sécurité, c'est beaucoup plus sûr comme ça", ajoute la jeune femme de 25 ans, en faisant référence au dispositif policier.
En 2022, des échauffourées avaient éclaté entre des fidèles et la police qui avait placé des barrières dans le quartier chrétien de la Vieille Ville, mesure vivement dénoncée par le patriarcat orthodoxe. Les chrétiens représentaient plus de 18% de la population de la Terre sainte lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948, mais ils sont désormais moins de 2%, pour la plupart orthodoxes.
La Rédaction avec l'AFP