À Goma, l’appel au calme des chrétiens devant les combats meurtriers

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Depuis lundi 27 janvier, la ville de Goma subit les assauts du groupe rebelle M23 soutenu par l’armée rwandaise. Dans cette ville du nord-est de la République démocratique du Congo, près de deux millions d’habitants, dont la moitié sont des réfugiés, risquent de subir les conséquences d'une crise humanitaire qui s’annonce déjà dramatique.

Mercredi 30 janvier au soir, dans une allocution télévisée, le président congolais Félix Tshisekedi a promis une riposte d’envergure face aux avancées des combattants du M23 dans l’est du pays. Au début de la semaine, la ville de Goma a été presque intégralement prise par cette force paramilitaire soutenue par le Rwanda, alors que ce conflit dure depuis plus de trois ans.

Dans ce pays dont la population est chrétienne à 80%, les appels au calme se multiplient de la part des responsables religieux. De nombreuses structures chrétiennes tentent de s’organiser pour secourir les réfugiés, comme la Radio évangélique de Butembo. L’Église du Christ au Congo (ECC) a elle exhorté, les autorités à mettre en place un plan d’urgence en vue d’assurer la protection des populations civiles fuyant la guerre à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. Les affrontements ont fait plus de 100 morts et près d'un millier de blessés, selon les hôpitaux.

Dans un message diffusé en début de semaine, Mgr Ngumbi Ngengele, l’évêque de Goma a appelé au "respect absolu de la vie humaine et des infrastructures privées et publiques, par tous en toutes circonstances, en vertu de la dignité humaine et du droit international". Il a insisté également sur la nécessité d’assurer l’accès de la population aux services de base. De nombreux réfugiés à Goma, ayant fui les combats dans les villages alentour ces derniers mois, n’ont pas accès à l’eau, ni à la nourriture. De même, les conditions d’hygiène sont extrêmement dégradées, faisant craindre des risques d’épidémies.

L’évêque de Goma a également élevé la voix contre le drame des violences sexuelles qui accompagnent si souvent les conflits armés.

Selon le père Marcelo, missionnaire sur place qui s’est entretenu avec l’AED (Aide à l’Église en Détresse), les rebelles du M23 espèrent pouvoir forcer le gouvernement à négocier, ce que ne semble pas prêt de faire le président congolais. La situation risque donc de s’éterniser, alors que l’on compte plus de 500 000 nouveaux déplacés dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, en ce mois de janvier, à la suite de ce conflit.

Les experts craignent en outre que cette situation conduise à une guerre entre la RDC et le Rwanda. "Espérons, avec l’espérance chrétienne, que nous pourrons voir des actions claires et concrètes pour que la paix revienne une fois de plus dans ce pays meurtri et assiégé", a conclu le père Marcelo Oliveira.

Germain Gratien

Crédit image : Shutterstock / AkinDesign (camp de déplacés à Goma, 2023)

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