A Gaza, les catholiques célèbrent les Rameaux malgré tout, et prient "pour la paix"

A Gaza, célèbre les Rameaux malgré tout, et prier pour la paix

Les visages sont fermés, et le pas lourd pour la procession. A la Sainte-Famille, seule église catholique de la ville de Gaza, les fidèles sont venus en ce dimanche des Rameaux prier "pour la paix".

Beaucoup d'enfants, de personnes plutôt âgées, des sœurs... Ils étaient plusieurs dizaines, une centaine peut-être, réunis pour marquer le début de la semaine sainte, dans Gaza ravagée par la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Sous un soleil de printemps, les cloches ont sonné. Dans la cour du complexe paroissial décoré de feuilles de palmier, la porte de l'église ornée de rameaux, les fidèles ont lentement défilé en procession, et chanté, branche d'olivier à la main, dans ce bien-nommé quartier des Oliviers.

"Notre célébration du dimanche des Rameaux c'est un moment d'espoir, pour le bien et la paix, pour nous et pour le monde entier", a dit le jeune officiant dans l'église aux murs clairs. L'occasion "de purifier nos cœurs et de les remplir d'amour, de générosité et de paix".

Au premier rang, des enfants de chœur et jeunes serviteurs sérieux en aube rouge et surplis blanc. Derrière, des ouailles aux traits tirés, yeux cernés et mines sombres.

"Cette fois-ci, nous n'avons pas le cœur à la fête", a dit sa sœur Nabila Saleh à l'AFP. "C'est vrai que nous avons décoré, mais nous ne ressentons pas les sensations des autres années".

Pas épargnée

"Nous sommes tous dans le même bateau, nous souffrons tous des mêmes difficultés et des mêmes horreurs de la guerre. Et nous espérons que l'année à venir sera une année de bienveillance et de paix pour notre chère terre, la Palestine", ajoute la religieuse.

L'église de pierre claire, dont le site abrite notamment une école, est toujours debout, mais elle n'a pas été épargnée par la guerre, a déclenché le 7 octobre par une attaque du Hamas sur le sol israélien qui a fait 1.160 morts, essentiellement civiles, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plusieurs familles chrétiennes de Gaza y ont trouvé refuge depuis le début de l'offensive persistante en représailles, qui a fait plus de 32.200 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, d'après le ministère de la Santé du Hamas.

En décembre, deux femmes, une mère et sa fille, y ont été tuées, touchées par des tirs alors qu'elles marchaient vers le couvent.

Le pape François avait déploré le lendemain que des "civils sans défense soient la cible (...) de tirs de snipers": "cela s'est produit même à l'intérieur de la paroisse de la Sainte-Famille où il n' y a pas de terroristes mais des familles, des enfants, des personnes malades ou (en situation de) handicap".

Selon le Patriarcat latin de Jérusalem, qui avait mis en cause "un tireur d'élite israélien", "un obus tiré par un char" était tombé sur le couvent des Soeurs de la charité de mère Teresa, situé dans le même complexe et abritant des malades.

L'armée israélienne n'avait nié de son côté toute implication.

Le pape n'a arrêté d'appeler à un cessez-le-feu et à la libération des otages supprimés le jour de l'attaque du Hamas et retenus toujours dans Gaza, recevant également autour de ce sujet des représentants et membres de toutes les religions.

Le 9 octobre, il avait téléphoné au prêtre de la Sainte-Famille à Gaza, Gabriel Romanelli, pour assurer de "sa solidarité et ses prières" la petite communauté catholique du territoire.

La bande de Gaza, dont la majorité des 2,4 millions d'habitants est musulmane, compte environ un millier de chrétiens, la plupart d'entre eux orthodoxes.

A Jérusalem aussi les fidèles ont célébré tant bien que mal les Rameaux, censés marquer selon la tradition évangélique l'arrivée triomphale de Jésus dans la ville.

Hanna Tams, chorégraphe de palestinien de 30 ans, regrettait que "beaucoup de (ses) amis de Cisjordanie n'étaient pu venir" avec lui à la procession partie du Mont des Oliviers, faute d'autorisation israélienne : "ça fait mal au cœur. C'est comme dire désolés, vous êtes enfant de cette terre et vous ne pouvez pas venir et célébrer. Je souhaite en tout cas le meilleur aux gens à Gaza, j'aimerais qu'ils soient ici avec nous".

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock/ Ryan Rodrick Beiler

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