"Nous sommes conscients qu'une époque est révolue. Tout l'Antioche antique, avec les vieilles maisons de style syrien et d'Alep, a disparu et ne peut être reconstruit", déplore le vicaire d'Anatolie.
Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, s'est rendu 5 jours en Syrie et en Turquie. "Le niveau de destruction et le degré de désolation sont bouleversants et parfois même, pourrait-on dire, apocalyptiques", a-t-il affirmé dans un communiqué.
I’ve spent 5 days visiting earthquake survivors in Syria and Türkiye: many are refugees or displaced. I’ve seen their plight in Lattakia and Hama; in NW Syria which I reached in a cross border convoy; and in Southeast Türkiye. All need urgent humanitarian aid and help to recover. pic.twitter.com/75GXoTiU3S
— Filippo Grandi (@FilippoGrandi) March 12, 2023
"Des millions de personnes ont perdu des proches, ont été blessées et traumatisées, et beaucoup ont été déplacées par cet événement aussi tragique que douloureux. (...) Les besoins sur le terrain dans les deux pays sont énormes et les interventions humanitaires doivent être mieux financées. S’il est bien sûr essentiel de soutenir les efforts à long terme, une aide humanitaire et des ressources de relèvement rapide bien plus importantes sont nécessaires pour permettre aux personnes affectées d’entamer la reconstruction de leur vie et de retrouver leurs moyens de subsistance."
Pour Monseigneur Paolo Bizzeti, vicaire d'Anatolie, qui s'exprime auprès de Asia News, le cœur du drame est à Antioche. Le vicaire s'est rendu à Iskenderun pour coordonner une opération de secours aux déplacés. "Ils ont calculé qu'il y a 1,6 million de tonnes de gravats à enlever", explique le religieux qui déplore une ville "rasée". Et les immeubles encore debout ne sont plus habitables.
"Nous sommes conscients qu'une époque est révolue. Tout l'Antioche antique, avec les vieilles maisons de style syrien et d'Alep, a disparu et ne peut être reconstruit", déplore-t-il. "Le marché est détruit, même d'un point de vue touristique, les endroits les plus intéressants ont disparu... des millénaires d'histoire rasés !"
La quasi-totalité des habitants ont fui, ou se sont réfugiés dans les montagnes. "En ce moment, ils ont besoin de tout et il n'est même pas facile d'imaginer les prochains mois, avec la chaleur, comment gérer la situation. Électricité, égouts, eau, communications : tout est à reconstruire. (...) Une situation tragique en devenir."
Puis il envisage également la reconstruction de la cathédrale d'Iskenderun.
"La question de savoir comment reconstruire l'église d'Iskenderun, que nous ne pouvons certainement pas reconstruire telle quelle, se posera bientôt. Cela peut être l'occasion de repenser l'architecture de la cathédrale, afin qu'elle soit en harmonie avec le goût turc, en laissant de côté d'autres modèles mais en se basant sur des églises qui correspondent à la culture et à l'architecture turques, ce qui est précieux."
M.C.