200 millions de jeunes filles et de femmes toujours en vie, ont été victimes de mutilations sexuelles

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200 millions... Un chiffre effarant pour des pratiques ancestrales qui se perpétuent dans une trentaine de pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie.

Les mutilations sexuelles féminines altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales. Elles sont le plus souvent pratiquées par des « circonciseurs » traditionnels, qui jouent aussi un rôle central dans les communautés, notamment en tant qu’accoucheurs.

Les interventions sont faites à l’aide de lames de rasoir et de ciseaux, sans stérilisation ou mesures d’hygiène. Elles sont pratiquées principalement sur des fillettes dans leur petite enfance et jusqu’à l’âge de 15 ans. 90% des mutilations génitales féminines (MGF) seraient des clitoridectomies ou des excisions, et 10 % des infibulations, dont les conséquences sont souvent les plus graves.

Douleurs violentes, hémorragies, infections, lésions plus profondes, état de choc, mort... Les conséquences immédiates des mutations génitales féminines sont effroyables.

Quand elles survivent à ces interventions, les jeunes filles et les femmes doivent vivre avec les complications et les conséquences à long terme. Problèmes urinaires, vaginaux, menstruels, sexuels, mais aussi complications lors des accouchements et problèmes psychologiques tels que la dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique.

Chaque année, 3 millions de jeunes filles sont menacées par ces pratiques.

Dans la plupart des sociétés pratiquant les MGF, elles sont considérées comme une tradition culturelle, argument souvent avancé pour les perpétuer. Elles feraient partie de « la nécessaire éducation d’une jeune fille et de sa préparation à l’âge adulte et au mariage ».

Mais pour Waris Dirie de l’organisation Stop FGM Now,

« Les mutilations génitales féminines n’ont rien à voir avec la culture, la tradition ou la religion. C’est de la torture et un crime. »

Aujourd’hui, mercredi 6 février 2019, la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines entend mobiliser le plus grand nombre autour de ces problématiques.

António Guterres, Secrétaire général de l’ONU déclare à ce sujet :

« En cette Journée de la tolérance zéro, je lance un appel en faveur d’une action accrue, concertée et mondiale pour mettre fin aux mutilations génitales féminines et garantir pleinement le respect des droits fondamentaux des femmes et des filles. »

D’ici à 2030, on estime que 68 millions de filles dans le monde subiront des mutilations génitales féminines si l’on n’accélère pas les efforts visant à éliminer ces pratiques néfastes.

Dans ce contexte dramatique, des médecins, ONG, organisations internationales déploient tous leurs efforts pour mettre un terme à ces pratiques.

« L’homme qui répare les femmes », le Dr Mukwege, consacre sa vie à ce travail en République Démocratique du Congo. Il lutte également contre les mutilations sexuelles subies lors de viols avec extrême violence. En 2018, il a d’ailleurs reçu le Prix Nobel de la Paix pour son action dans le cadre de l’hôpital Panzi qu’il a fondé au Nord-Kivu.

« Ma première patiente fut une femme qui avait été violée. Son agresseur avait tiré à bout portant sur son appareil génital. Je me suis dit que c’était un cas isolé. Mais au bout de trois mois, 45 femmes se sont présentées avec des blessures identiques. Je découvrais une nouvelle pathologie : le viol avec extrême violence. »

De 1999 à décembre 2015 l’hôpital de Panzi a pris en charge 48 842 survivantes de violences sexuelles et 37 382 femmes avec des pathologies gynécologiques.

L’organisation Entreculturas a développé un programme qui crée des espaces sûrs pour les fillettes, sensibilise les familles et les communautés quant à leurs droits. Depuis sa création en 2012, le programme a suivi 32 747 fillettes dans 15 pays selon des lignes d’action bien précises : favoriser l’accès scolaire et la continuité de l’éducation, dénoncer les violences subies par les jeunes filles et offrir réhabilitation psychologique et réinsertion sociale.

Somalie, Guinée, Mali, Djibouti, Mauritanie... Mais aussi Indonésie et Yemen, les mutilations génitales féminines sont un danger réel pour bien trop de fillettes. Ne les oublions pas.

H.L.


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