Arrêtés en décembre, 11 pasteurs appartenant à l’organisation missionnaire Mountain Gateway ont été condamnés à des peines de prison allant de 12 à 15 ans, ainsi qu'à des amendes s'élevant à plus de 80 millions de dollars par personne. Officiellement accusés de blanchiment d'argent, il semble que leur seul tort soit d'avoir organisé des événements d'évangélisation. La mobilisation internationale s'organise.
Ils sont 11 hommes privés de tout contact avec leurs avocats ou leurs familles depuis décembre 2023 et viennent d’apprendre leur condamnation. Appartenant à l’organisation américaine Mountain Gateway, ces missionnaires protestants ont été accusés par les tribunaux de blanchiment d’argent. Ils ont été reconnus coupables et condamnés à des peines extrêmement lourdes : de 12 à 15 ans d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre 80 millions de dollars par personne.
Le procès semble avoir été expéditif et s’être déroulé sans respect des droits de la défense. Les avocats chargés de l'affaire n’ont pas eu accès aux dossiers et autres documents pertinents contre les pasteurs. Selon eux, au cours du simulacre de procès, le gouvernement n'a pu produire aucune preuve de l'activité illicite présumée ou de l'origine des fonds illicites présumés qui ont été "blanchis".
À l’annonce de la condamnation, le fondateur et président de Mountain Gateway Jon Britton Hancock, a assuré être déterminé à lutter contre ce qu’il considère comme un faux procès. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour obtenir justice pour nos amis au Nicaragua, et nous vous demandons de vous joindre à nous dans la prière pour leur sécurité et leur libération rapide" a-t-il imploré. Il est lui aussi condamné, au même titre que les 11 pasteurs, mais est en sécurité aux États-Unis.
L’ONG ADF International soutient la détermination de Jon Britton Hancock à sauver ces 11 pasteurs condamnés. Elle a déposé une demande de mesures de précaution auprès de la Commission interaméricaine des droits de l'homme au nom des personnes condamnées frauduleusement.
Des membres du Sénat américain se sont aussi emparés du sujet et ont appelé l’administration Biden à "mettre en œuvre des sanctions fortes et ciblées à la suite des violations répétées et croissantes de la liberté religieuse au Nicaragua".
Le gouvernement de Daniel Ortega est en effet un habitué des coups de force contre la liberté religieuse. En 2024, pour la deuxième année consécutive dans le pays, la Semaine Sainte s'est déroulée sans procession dans les rues des centres urbains. Les seuls offices autorisés se sont déroulés dans les lieux de culte ou dans les cours intérieures. 4 000 policiers ont été postés autour des églises du pays pour veiller au respect de l'interdiction des processions publiques.
De plus, le prétexte du blanchiment d’argent n’est pas nouveau au Nicaragua. Plusieurs milliers d’associations religieuses ont été accusées de blanchiment d’argent et dissoutes depuis plusieurs années, dont de nombreuses religieuses comme l’association scoute du Nicaragua.
ADF International soutient également la défense juridique de l'évêque Rolando Álvarez, qui a été condamné à 26 ans de prison pour avoir prêché sur les violations des droits de l'homme perpétrées par le gouvernement nicaraguayen. Exilé du Nicaragua en janvier 2024, il est désormais en sécurité au Vatican. Malgré sa libération, l'affaire se poursuit devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme, dans l'espoir d'obtenir justice pour l'évêque et de créer un précédent positif pour d'autres personnes confrontées à des procès similaires au Nicaragua.
Jean-Benoît Harel